Troie est l'un des rares films des années 2000 qui peut se vanter d'être épique, c'est d'ailleurs un un adjectif qui le qualifie parfaitement et auquel il rend toutes ses lettres de noblesse, une sorte d'hommage aux grands péplums d'autrefois, tout en y incorporant des récits plus mythiques.
Troie est un film qui en a sous le capot: Une dimension épique assumée et bienvenue grâce notamment à une très bonne utilisation de la caméra et un beau montage. Des acteurs très convaincants pour la plupart et eux aussi charismatiques, le duel Brad Pitt/Eric Bana fonctionne du feu de dieu ! Quant au scénario il est efficace sans pour autant reprendre toute l'Illiade. Préférant dépeindre un monde abandonné des dieux plus terre à terre. Néanmoins l'écriture du film permet de mettre en avant beaucoup de thématiques intéressantes pour le grand public. Notamment sur le pouvoir et l'abus de pouvoir, symbolisés ici par l’avidité dévorante du roi Agamemnon. Usant du prétexte de la récupération d'Hélène au départ pour prendre le contrôle de Troie, le monarque finit pas devenir complètement fou, ne cherchant plus à contrôler mais à tout détruire. C'est simple mais efficace, d'autant plus venant de la part d'un réalisateur allemand née pendant la seconde-guerre mondiale. De là à penser au nazisme en voyant Agamemnon il n'y a qu'un pas.
Dans Troie le grandiose et l’épique sont bien sûr au rendez-vous, Petersen privilégie les plans de caméra en survol rapproché lors des batailles et des plans larges, de plus ces derniers sont très bien inclus dans le montage, lui conférant une énergie bienfaitrice. La dimension épique du film réside bien sûr dans le fait que les héros meurent en héros, que la chute de Troie dans les flammes symbolise la défaite extrême et la tragédie propre aux poèmes grecques de l'antiquité. Faisant fit du manichéisme, hormis bien sûr le duo infernal que forment Ménélas et Agamemnon, chacun des autres personnages agit selon ses convictions et ses devoirs. A noter que l'ensemble ne manque pas non plus de rythme et joue assez bien sur les trois heures de la version Director's Cut, définitivement bien meilleure que la version ciném. Quant à la bande-originale de James Horner elle est exactement dans la plaque pour le film, soignée et elle aussi : épique ! C'est le mot d'ordre. On regrettera peut-être le changement de thème lors du duel entre Achilles et Hector, remplacé dans la Director's Cut par celui plus tribal de Danny Elfman pour La Planète des Singes de Tim Burton.
Côté casting nous retrouvons Brad Pitt en Achilles, à la fois surprenant mais aussi empreint de drame dans son jeu, l’honneur et la gloire, la fureur aussi, voilà en quoi il retourne de ce personnage haut en couleurs et parfaitement interprété, l'acteur se donne corps et âme. Eric Bana est lui aussi excellent, littéralement habité par son personnage. Orlando Bloom bien qu’un peu effacé dans la version originale, mais plus présent dans la Director Cut’s, s’en sort également très bien avec à ses côté la sublime Diane Kruger dont l’interprétation lui est équivalente. Brian Cox quant à lui campe un Agamemnon impeccable et détestable à souhait. Peter O'Toole en revanche n'est pas un Priam très convaincant.
On retiendra donc de Troie que c’est une grande fresque, de part sa dimension épique et grandiose. Petersen nous offre ici un film généreux et un divertissement de bonne facture.