J'adore Juliette Binoche, j'ai adoré La double Vie de Véronique et encore plus le décalogue et j'avais le sentiment que Zbigniew Preisner était un grand compositeur de film. Bref, je me suis enfin dit que je pouvais regarder sans crainte le premier volet de la trilogie sans prendre beaucoup de risque, après trois décennies de refus de visionnage en réaction à l'unanimisme insupportable qu'a suscité le film à sa sortie et qui ne m'inspirait rien de bon.
Je ne sais pas comment l'expliquer, toujours est-il que j'ai trouvé Trois couleurs : Bleu chiant comme la mort qui est, par parenthèse, le fil conducteur de ce premier volet. Ce n'est pas ce que l'on qualifierait de mauvais film mais une œuvre empesée, qui raconte finalement peu de choses et ne parvient même pas à créer de l'empathie pour la veuve éplorée. La lenteur n'est pas en cause mais plutôt l'indigence du scénario qui nous délivre un manifeste de charité chrétienne appuyée et pénible.
Mais le plus indigeste est à chercher du côté de la musique de Preisner. Censée illustrer le génie du compositeur du siècle tragiquement décédé, la musique du film est une vulgaire resucée de la partition de la Double Vie de Véronique qui flirtait déjà dangereusement avec le kitsch. Le style néo-classique sans âme du compositeur, l'harmonie douteuse et l'obsession malsaine de Preisner pour la flûte larmoyante au vibrato infâme m'ont littéralement fait saigner les tympans.
Mais je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin. Promis, je vais aller au bout de la trilogie, histoire de ne pas mourir idiot ou par goût du sacrifice. En toute hypothèse, la divine comédie Kieslowskienne ne pouvait que commencer par l'enfer. Blanc sera le purgatoire et rouge le paradis. Vivement la suite. Ou pas...