Kieslowski conclut brillamment la pièce maîtresse de sa filmographie, la Trilogie des 3 couleurs, avec ce "Rouge" qui semble ajouter un cœur qui bat au sein d'une construction brillante mais peut-être trop intellectuelle : "Rouge", qui ne parlera bien sûr de "Fraternité" que d'une manière des plus obliques, est le plus bel hymne qui soit au hasard, un film certainement manipulateur (on le reproche assez à Kieslowski, démiurge souvent cruel), mais fascinant. Ce sont sans doute les deux acteurs, Irène Jacob et Jean-Louis Trintignant, tous deux frémissants et exquis, qui apportent au film ce supplément d'âme transcendant la beauté fluide du film, mais il faut aussi souligner la générosité finale de Kieslowski, qui, contre toute attente, offre dans l'émouvante conclusion du film une seconde chance à tous les héros de la trilogie. [Critique écrite en 1994]