Film soviétique facile à interdire
Ce film raconte l'histoire d'un ménage à trois. Propagande oblige, la description de la vie des prolétaires dans Moscou est loin de la réalité des années vingt. À Moscou, vivre dans des sous-sols était très fréquent mais le studio qu'occupent Kolia, Liuda et Volodia est quand même particulièrement cossu pour un logement de simples ouvriers.
Il n'empêche que ce film contient de nombreux plans superbes et que le jeu des acteurs est très fluide pour l'époque. On retiendra au début la description du matin à Moscou, évocation lyrique et poétique d'un peuple qui se réveille, d'une ville qui s'anime peu à peu. Je ne peux m'empêcher de penser que cet épisode a dû inspirer Dziga Vertov pour son Homme à la caméra.
Mais le plus surprenant vient dans la dernière partie et explique pourquoi ce film fut interdit au Royaume-Uni à sa sortie. La manière frontale dont le sujet de l'avortement est abordé n'a, à ma connaissance, aucun équivalent dans l'histoire du cinéma avant peut-être 1968. Ménage à trois, avortement... comme on peut s'en douter, l'histoire est aussi réaliste qu'amorale. Là aussi, le film tranche avec tout ce que l'on pourra voir au cinéma pendant des décennies.
Superbement filmé et magnifiquement joué, Trois dans un sous-sol est un joyau du cinéma muet soviétique.