Trois kilomètres, ça use, ça use

Un film pour lequel j'aurais peut-être aimé avoir une certaine appétence, mais son déroulement m'a assez rebuté. On y parle d'un cassage de gueule homophobe, mais nous n'en verrons rien, le personnage gay en question n'est d'ailleurs pas vraiment central dans le film, on s'intéressera surtout au flic, aux pères de la victime et des coupables et du prêtre. La relation gay nous est donnée en échantillon au début, mais nous n'aurons pas beaucoup de choses à nous mettre sous la dent, malgré la grande mignonnerie de ce duo.

Mais c'est justement le parti pris du film, exit le voyeurisme de l'agression, ou de la beauté de l'amour, on est ici dans une enquête assez froide, sans musique, sans intensité, où nous découvrirons la vérité petit à petit, ainsi que la réaction des uns et des autres sur l'homosexualité de la victime. Mais tout semble assez mécanique et facile, quand bien même le tout semble réaliste et bien amené. La dernière partie amènera peut-être un sursaut dans l'affaire avec un nouveau personnage, mais encore une fois, j'ai toujours du mal à être ébloui par l'affaire, malgré un discours du prêtre presque intéressant sur la dichotomie entre la confiance envers un médecin et un prêtre.

Globalement, je trouve que tout le monde est dans le ton, et la variété des profils et des intérêts de chacun vis-à-vis de l'affaire permet une certaine complexité des rapports.

Je dis que le film se veut assez calme et apaisant, et il l'est globalement, avec ces beaux paysages apaisés dans ce petit village reculé de Roumanie, mais il se permet quelques virées un peu plus violentes, comme la fameuse scène de "l'exorcisme", dont la transition est tellement brutale que le contexte m'a légèrement fait rire, notamment avec le ridicule de la situation.

Mais bref, je n'ai clairement pas accroché au film, je comprends la démarche et le parti pris, mais ça ne fonctionne pas sur mon ressenti. À mon sens, le principe du film se retourne contre lui. En rendant son déroulement calme et sans intensité, on retrouve un film dépassionné qui ne brille à peu près jamais, avec le principal concerné qui se retrouve presque dans un second rôle.

(Vu le 28 mai 2024 en VOSTFR au cinéma)