Quest sight stories
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le 24 août 2022
49 j'aime
On aurait tort d'envisager Trois mille ans à t'attendre comme une parenthèse entre deux étapes au Wasteland. Il n'y a pas de pas de halte pour George Miller, conteur en perpétuelle recherche d'un nouvel horizon. Une filmographie des plus singulières, voyant un western post-apocalyptique suivi par une comédie diabolique, arrive un drame échevelé, auquel succède une fable animalière puis une comédie musicale en animation et enfin LE film d'action des années 2010. Le point commun ? Il faut les voir pour le saisir. Pour le dire simplement, chacun d'entre eux est animé par cette volonté d'être son propre tout. En d'autres termes, un renouvellement dans l'esthétique et le propos pour atteindre la minéralité des grandes histoires, celles qu'on raconte, chante, peint, dessine etc...avec l'espoir de marier le personnel et l'universel. Pour Miller, ce nouveau voyage est donc éminemment précieux car il se connecte avec l'idée fixe sur laquelle s'est bâtie toute sa carrière. Le projet d'une vie, devrait-on dire ? En tout cas, la note d'intention derrière tous ceux signés de sa main.
En pleine possession de ses moyens, le réalisateur australien n'a besoin "que" de 60 millions pour donner l'allure d'un film produit pour 2 fois plus. Probablement son opus le plus théorique néanmoins accessible à tous. La maîtrise qui s'exprime pendant la première heure devrait en laisser plus d'un avec la mâchoire pendante. La limpidité du récit est impressionnante, le fond et la forme atteignent une symbiose très rare. Narration épurée, jeux de transitions, caractérisation au scalpel, concepts s'exprimant autant au travers de ce qui est montré que de ce qui est exprimé verbalement,...On disserte sur l'importance des mythes dans nos cultures, comment ils traversent les siècles, se juxtaposent et se métamorphosent devenant le reflet d'une époque donnée,...La mise en abyme rappelle l'interdépendance entre cet art et notre évolution (technologique et philosophique) jusqu'à en arriver à la question cruciale : et maintenant, peut-il encore suivre (ou précéder) la marche ?
Miller n'a pas forcément de réponse à offrir, juste à tenter le coup. Le magicien a plus d'un tour dans sa manche, comme le renversement des rôles entre ses deux personnages, l'irruption de procédés picturaux ou littéraires, et l'utilisation de la musique selon les dimensions. Enfin (et surtout), Trois mille ans à t'attendre charrie au passage une imagerie folle et évocatrice. Si l'on ne peut pas réinventer les intrigues et leurs chutes - une fixette chez Alithéa (Tilda Swinton, superbe) - l'idée c'est de renouveler les manières de les partager. Après la première heure formidable, on pourrait y voir cet aveu de faiblesse dans la deuxième partie plus "classique" (si le terme peut s'appliquer chez George Miller). Difficile de tenir le (très haut) niveau. Il sera intéressant de voir comment le film vieillit chez ses spectateurs. Un peu comme ces contes dont il se pose comme un héritier. La boucle est bouclée.
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Créée
le 26 août 2022
Critique lue 56 fois
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