Quand la voix est plus belle que l'image

Bien qu'il y ait quelques trouvailles et qu'il ne soit pas totalement dénué d'intérêt, j'ai du mal à comprendre l'engouement autour de Trois Mille Ans à t'attendre. Un film qui met en scène des histoires contées, qui ne semble jamais vraiment assumer pleinement ses intentions artistiques. Cela donne un résultat en demi-teinte, avec d'un coté des plans et des scènes aux idées originales, et de l'autre une totale banalité molle dans son montage et dans l'avancée de son histoire, jusqu'à une fin sans aucun impact émotionnel.

Le charme du film se trouve évidemment dans le fantastique qui apparaît dans un réel assez froid, où nos personnages semblent défendre coûte que coûte la science. Un paradoxe pas très original mais qui a le mérite d'instaurer un début d'ambiance avec ses apparitions étranges qui semblent provenir de la tête du protagoniste principal, Alithea, interprété par Tilda Swinton. La découverte du d'jinn joué par Idris Elba apporte aussi quelques originalités dans la mise en scène (comme son apparition dans la chambre, ses pouvoirs qui semblent aspirer des connaissances, à l'instar de cette scène farfelue où il sort temporairement Einstein de la télévision) mais aussi les quelques bribes du passés racontés par Alithea, joliment mises en avant par des flashbacks courts, et un rapport à l'ami imaginaire assez touchant. Ce qui laisse présager de nouvelles surprises pour la suite. Seulement, tout le reste est très banal.

Le parallèle des contes racontés par le d'jinn est intéressant, parfois poétique, mais ne transcende jamais par l'image. On est plus à se dire qu'Idris serait une fabuleuse voix off pour des documentaires, qu'à réellement ressentir quelque chose sur les scènes qu'on nous montre. Surtout que chaque ambiance instaurée est systématiquement coupée de manière très maladroite par un retour au réel dans la chambre d'hôtel, tapissée de blanc et de dorures en pleine journée, ce qui contraste avec l'image des contes, souvent jaunes, de nuit, et dans une ambiance très orientale. Une très mauvaise idée pour moi car cela empêche totalement notre esprit de croire en ce que nous raconte le personnage.

Il y a néanmoins quelques trouvailles, des ralentis étranges, des exagérations par le jeu des acteurs, des plans un peu atemporels.. mais qui se font rares face à des scènes très banales, des incrustations parfois crades, et une volonté d'expédier trop vite le final de ses contes.

Parce que oui le film aurait pu s'arrêter à cette chambre d'hotel, à ce d'jinn qui raconte des histoires. Il aurait garder ses maladresses certes, mais il aurait aussi garder cet esprit un peu rêveur et enfantin. Et surtout, il aurait évité cette fin sans intérêt, molle et niaise, qui ne sert pas du tout l'ambiance que cherche à instaurer le film. On se met à mettre en avant le personnage de Tilda Swinton, qui est d'une pauvreté sans nom. Trois Mille ans à t'attendre n'a donc rien de foncièrement original. Même si les contes ont leur charme, tout le reste est quand même un peu détruit par des maladresses de montage, et une fin qui n'a pas lieu d'être.