Troll est un film de dark fantasy extrêmement original et déroutant. Entre mélodrame pour trisomiques et série B familiale paumée dans le bis pittoresque, Troll est à la hauteur des espérances mais c’est surtout une grande surprise. [Sauf l'hystérie et le budget modeste] Il n’a rien du nanar qu’on pouvait espérer à la simple évocation de son titre si stimulant, devenu un nom commun depuis une décennie.
Toutefois dans ce cas aussi, il désigne des agitateurs malfaisants. Au-delà du fameux Torok, sorte de master troll au visage de Anthony Hopkins hirsute et aplati, on retrouve toute une confédération d’étranges créatures (dont un crocodile et un cochon mutants). Les maquillages sont à la hauteur et l’inspiration au rendez-vous.
John Carl Buechler (Vendredi 13 VII) et son équipe ont crée tout un écosystème d’une immense diversité, dont Torok est en quelque sorte l’ambassadeur peu diplomate auprès des humains. Pour éclairer les nouveaux occupants de l’immeuble siège de l’intrusion des trolls, une bonne fée est là : la voisine, cette dame chic sexagénaire semblant bien connaître toute cette faune issue de la bague verte. Elle a même un champignon tirant la langue dans sa casserole et lorsque la meute dérape, elle fait sonner la trompette pour calmer le jeu.
Toutes les reliques saugrenues jonchant le film le rendent d’autant plus exotique, en éludant presque totalement de l’esprit du spectateur le redoutable manque d’enjeu de l’ensemble. Dommage dans ce cas que les deux suites de ce relatif succès public à l’époque (1986), passé culte pour certains, aient complètement rompu avec son esthétique. Troll aurait même influencé JK Rowling pour ses Harry Potter !
En-dehors de ses guests, le film se distingue par son climat onirique, une certaine capacité à envoûter tout en présentant une narration bancale, toute en zig-zag. L’ensemble est parsemé de scènes inutiles, comme celle du nain venu discuter. Dans un dernier tiers absurde, les protagonistes se donnent le tour pour se balader dans la demeure un sceptre en guise d’arme blanche à la main.
On a le temps de s’ennuyer, d’errer plutôt (hormis la gamine possédée, les acteurs sont souvent trop fades pour emporter le spectateur), mais pour de si beaux aperçus trollistiques (comme le rock du père), le prix est dérisoire. Il faut bien dire trollistique, car les nanardeux eux-mêmes ne fréquentent pas de tels objets et que la foi dans son sujet WTF de Troll en fait une séance troll au sens communément entendu aujourd’hui.
https://zogarok.wordpress.com/2016/08/17/troll/