Promenons nous dans les bois tant que le troll n'y est pas.
Oui, The Troll hunter a en commun avec Cloverfield, Blair Witch et REC, cette manière de filmer en caméra subjective pour immerger le spectateur. Mais c'est vraiment le seul point commun qui existe. Donc je ne m'épancherais pas plus longtemps sur ce débat un peu stérile.
The Troll hunter est un bon film pas forcément révolutionnaire mais original et courageux. Le processus scénaristique est à l'opposé des films précédemment cités. Le film démarre sur une banale histoire : Des étudiants qui sont venus filmer un chasseur d'ours découvrent que ce mystérieux homme s'avère être un chasseur de Trolls. Nos jeunes freluquets vont le suivre dans sa joyeuse chasse avec toute la perplexité qui caractérise la jeunesse.
Pourtant, ce n'est pas un film d'horreur, le réalisateur n'essaye pas de nous effrayer avec des bruissements de feuilles, des branches craqués et autres statuettes vaudou. En effet, dès la première demi heure le réalisateur balaye du revers de la main la question de l'existence des Trolls. Ils existent et on les voit (de nombreuses fois).
La motivation du réalisateur n'est pas de réaliser un film d'horreur basé sur les peurs enfouies des personnages et du spectateur. Il réalise une sorte de film anthropologique d'horreur, il y respecte la plupart des mythes sur les Trolls. Le film prend des allures de documentaires sur les trolls, il prend rapidement une autre dimension lorsqu'il devient secret d'état.
Le film pourrait être qualifié d'ovni. Entre les scènes de course poursuite dans la forêt où la peur et la tension sont palpable et le ton totalement ironique et certaines scènes au ton potache, on ne sait plus à quel registre appartient le film. Tour à tour, il alterne entre film d'horreur, film d'action, documentaire, le mélange du ton léger grâce aux dialogues décalés et d'un intérêt sérieux pour le sujet (comme si c'était vrai) donne un style personnel a The Troll Hunter.
Le petit plus qui m'a fait adoré ce film reste la manière de filmer qui ne m'a pas filé la gerbe comme Cloverfield. Les mouvements de caméra, tout en restant précis, donne l'impression d'être tout de même filmer caméra au point, l'ensemble est fluide et pas du tout bordélique.
Même si je regrette que le thème des Chrétiens et de la religion n'ait pas été plus développé (ce qui aurait donné une dimension plus intéressante au film), je ne peux m'empêcher d'apprécier le film pour son sujet très casse gueule et pourtant traiter avec brio. Sans être un renouveau du genre, The Troll Hunter explore une approche différente des films réalisés en caméra subjective et prouve bien que cette manière de filmer n'est pas totalement stérile et obsolète.