Vu en AVP avec Desplechin aux ciné-rencontres organisées par Transfuge et l'ENS.
Desplechin a l'air d'être un type délicieux, et c'est fascinant de l'entendre parler de cinéma, mais Tromperie est une purge. Académique et ronflant, le film est coupé de tout rapport au monde, au vivant, son positionnement vis-à-vis du personnage de Podalydès, Philip Roth, est carrément discutable, très ambigu, très complaisant. Les aventures sexuelles de Paul Dédalus, délicieusement romanesques et d'une densité incroyable, touchaient à l'universel et à la mentalité collective; Tromperie est verrouillé, il ne parle à personne, le film est ringard et rance, n'a pas accueilli le moindre écho des bruits du monde des deux dernières années (la scène du procès est en lice pour se disputer le titre de la scène la plus conne et la plus à la ramasse de 2021, aux côtés de l'interview de l'artiste anti-MeToo dans Julie en douze chapitres), c'est une pièce de la Comédie française plus que du cinéma, mais du théâtre sans public, qui ignore la notion de public, c'est un délire de quinqua libidineux excité de la tige, et puis c'est tout.
D'ailleurs, au moment des questions avec le cinéaste, un intervenant a laissé suggérer que ce film avait tout à fait sa place sur les planches. Ému, Desplechin a pris ça pour le meilleur des compliments. CQFD.