En cette Première au Festival de Cannes, la salle Debussy s'est légèrement clairsemée de places vides au fur et à mesure de la séance, et l'on a eu subjectivement du mal à rester, tant le propos nous est passé loin au-dessus de la tête. On aime Desplechin quand il nous donne une leçon de cinéma (Roubaix, une lumière), pas une leçon...de théâtre. Tromperie ressemble à s'y méprendre à une pièce de théâtre instrumentalisée pour le cinéma : les acteurs déclament leur texte (ultra ampoulé) de façon très monotone, restent dans une pièce (une impression de huis-clos), n'ont comme discussion que le badinage amoureux... Sauf que, sortie des planches, cette stylistique sonne faux, nous empêche de nous immerger dans l'intrigue et ne nous donne la sensation que de voir deux comédiens qui s'amusent sous la couette et palabrent des plombes de ce qu'est l'amour pour eux. Tout un programme, des plus vides et ronflants. Le sujet du film est résumé en son simple titre : il s'agit seulement de suivre les tromperies et "découches" de personnes, pour diverses raisons (maladie du conjoint, désintérêt...), mais cela n'atteint jamais d'apothéose. Là où l'on attend des émotions, on n'a que retenue, là où l'on attend du rythme, on n'a que contemplation, une platitude qui ne sied jamais au teint des acteurs. Denis Podalydès et Léa Seydoux n'y sont pour rien, ils assurent le service qu'on leur a demandé (certaines scènes réclamant même une certaine intimité qu'on a aimé voir avec deux acteurs qui savent en jouer de façon si naturelle et jamais vulgaire), malheureusement perdus dans des dialogues aux airs de théâtre bobo sur les bords.