"Je crois que tu ne seras pas déçu du voyage."

Alors je ne lancerai aucun comparatif étayé avec Tron premier du nom, car il me faut tout bêtement le revisionner pour mieux m'en souvenir... Sinon, place au pavé (César) !

Donc, de but en blanc et sans mentir, j'ai été énormément attiré par l'aspect graphique unique en son genre, censé définir la Grille et la virtualisation/technologie qui en est inhérente. Une touche artistique améliorée et plus épurée depuis le premier film, que j'avais d'ailleurs beaucoup aimé car elle introduisait un style unique et original pour un environnement nouvellement mis en scène à l'époque : celui des programmes qui tournent dans nos chères machines.
Par ailleurs, les codes couleurs principaux (ou pour ainsi dire les seuls dans ce cercle chromatique réduit) ont été bâtis pour séparer le sempiternel Bien du Mal, simplifiant ainsi la vision du spectateur du côté représentant les gentils ou les neutres (bleu, blanc) et celui des méchants (rouge, orange et jaune). C'est regrettable, mais tout en nous créant à la fois un avis biaisé, bien que léger, sur certains personnages.
A part ça, l'outil informatique fait encore une fois des prodiges, on a droit à des effets spéciaux à la sauce Tron, ni trop simples ni trop grandioses, qui respectent et continuent de nous "décrire" l'univers digital et géométrique à souhait qui fait, au final, tout le charme et l'identité de ce(s) film(s).

Ce point de la forme évoqué - un très bon point mais qui ne fait pas tout un film, enfin pas forcément - passons au fond.

Après avoir vu et revu le film, je peux clairement dire que outre l'aspect visuel caractéristique, Tron: L'Héritage se veut une continuité prenant le parti à double tranchant d'une certaine évolution.. Et oui, les choses changent et parfois il faut s'y faire, s'y habituer, comprendre certaines mécaniques qui étaient différentes. Maintenant, si le fait que ce soit maintenant le fils qui suive les traces de son père (allant même jusqu'à reproduire les mêmes actions) soit rebutant au premier abord pour plus d'un, je conçois tout à fait : on a pas du tout à faire au scénario le plus fourni et le plus travaillé du genre de la science-fiction... Voici clairement un film s'adressant à un large public, où on n'hésite pas à mélanger un peu de bravoure, de trahison, de combat (je précise qu'on est pas dans la démesure hein !), de sacrifice et bien sûr d'amourette prédestinée.
De ce côté-là je ne vais pas vous faire un exposé sur les bases de bon nombre de "blockbusters" américains, mais ce qu'il est important de préciser, c'est qu'on évolue en même temps que Sam dans un univers ayant subit un changement notable, puisqu'il a évolué depuis Tron 1.0 en un espace similaire à celui des humains : on y voit des villes, des moyens de locomotion, une véritable société de programmes mise en place. (Il est à noter que ces changements ont lieu grâce à un certain CLU et à sa vision des choses, rien de moins.) Ceci donne un certain cachet au background et une impression de parcourir un univers plus vivant que jamais.
De plus, on peut sentir planer une certaine mélancolie entourant la relation entre le père et le fils, les conséquences des actions du père qui se répercutent sur le fils, les souvenirs d'une autre époque de la Grille, à ses débuts...

Cette relative insuffisance scénaristique est donc largement aidée par deux béquilles ayant un poids non négligeable : l'aspect graphique et la bande son, dont je vais parler maintenant.

Côté bande originale donc, le fait que ce soit un groupe pratiquement légendaire tel que Daft Punk ne change en rien le fait qu'il faut juger les morceaux eux-mêmes, sans parti-pris ou sans aversion pour les artistes. Et là clairement, chaque morceau ne fait qu'une chose : accélérer notre immersion dans une ambiance avant tout "sombre" et pesante mais surtout digitale. Ces sonorités mêlant classique et électronique complètent à merveille le visuel établi et ponctuent dynamiquement l'évolution des situations, jusqu'à réussir à imager les psychologies-mêmes de certains personnages.
Et c'est quand même notable : "The Son of Flynn" reflète l'insouciance et l'indifférence du protagoniste par une certaine légèreté, qui tranche radicalement avec "CLU", qui exprime la gravité et la détermination presque obsessionnelle du personnage portant le même nom, ou même l'excentricité et l'ambivalence de Castor suggérées par "End Of Line" au même titre que le thème de "Rinszler" qui personnifie bien le lourd mystère entourant l'individu.

Au final, on peut reprocher à Tron: L'Héritage un aspect visuel trop "clinquant" sur lequel Joseph Kosinski a peut-être trop insisté pour masquer une trame scénaristique manquant de véritable profondeur. Mais pour un divertissement de qualité, il est excellent. Car il est bien question de divertissement ici, pas de prises de tête comme pouvait l'être Matrix qui aborde aussi à sa manière le sujet des programmes, du contrôle des machines, etc... Ici, on va dire que Tron mise avant tout sur un aspect plus... Sexy. Je ne savais pas vraiment comment formuler ça, mais c'est le seul mot qui est sorti : sexy, par le design, la conception, l'aspect global. Mais le fait est que ça a fonctionné, je me suis laisser prendre par cette atmosphère singulière qui se dégage à chaque instant, et va crescendo.
J'ajouterai un dernier point à cette critique en rappelant que la relation créateur/création est quelque part centrale et se pose en point d'orgue jusqu'à la fin. De ma vision et mon ressenti personnels, une question gravite autour de ce film mais tend à se perdre parmi les effets spéciaux et les points scénaristiques trop convenus et moins importants : jusqu'où peut nous mener l'interprétation de la perfection ?
kingKuistre
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le 26 déc. 2012

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kingKuistre

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