En 1982, le réalisateur Steven Lisberger réalise "Tron". L'histoire d'un inventeur de jeux vidéos qui entre dans un monde virtuel pour récupérer un programme volé. Le succès est limité mais ses images restent gravées dans la mémoire d'un certain nombre d'enfants qui y voient la promesse d'un monde technologique où le virtuel rejoint le réel.
A l'époque, le film est une véritable révolution artistique, dans la mesure où il est le premier à faire appel à des images de synthèse. Son design, épuré, ses personnages - des programmes -, ses costumes faits de bandes de lumière, ses courses de «lightcycles», les motos de lumière, en font un film culte. Et en bien des points, une oeuvre visionnaire. Ce n'est pas un hasard si le dessinateur français Moëbius, alias Jean Giraud, avait participé à l'aventure.
Aujourd'hui, les enfants de 1982 ont grandi. Et la «Grille», le monde virtuel de Tron, revient sur les écrans avec «Tron : Légacy», l'héritage. Un projet culotté. D'abord parce que le premier volet n'a pas rencontré le succès (pas facile en face de "E.T." et de "Blade Runner"...). A part quelques références dans "Les Simpsons" ou "South Park" ou dans certains concerts du groupe Daft Punk -qui signe la magnifique bande originale du film-, "Tron" est tombé dans l'oubli. Et puis parce que l'univers est tellement atypique, et marqué, que réaliser une suite cohérente et fidèle relève de la gageure. Joseph Kosinski, le réalisateur de Légacy, réussit pourtant à convaincre la compagnie Walt Disney, Steven Lisberger et même Jeff Bridges, l'acteur principal de "Tron", alias Kevin Flynn, de repartir pour un tour. Jeff Bridges, aurait même remis son casque de 1982 pendant l'entretien, surexcité à l'idée de faire une suite !
Voici donc «Tron : Legacy». Et, n'y allons pas par quatre chemin, le résultat est tout simplement bluffant. Tout est là, la «Grille», Tron, les courses de Lightcycles, les combats de disques, la dictature des programmes, et cette ambiance technologique froide et oppressante. Tout y est, avec tout le raffinement numérique dont sont capables les machines du XXIe siècle. Le monde virtuel y gagne en épaisseur et en cohérence. Et la 3D est utilisée avec parcimonie et intelligence, comme un véritable outil de mise en perspective des situations vécues par les personnages. Augmentées par la bande originale de Daft Punk, les images incroyables de Joseph Kosinski font mouche à chaque plan. Un vrai régal.
L'histoire a gagné en profondeur -vu le scénario du premier volet, ça n'était pas difficile diront certains...- Plus philosophique, métaphysique même, et posant, mine de rien, la question de l'évolution technologique, du vrai et du faux, de l'origine et du sens de la vie... Rien que ça. Bref, de la vraie science-fiction, dans toute sa dimension, comme on n'en avait pas vu depuis longtemps. Et ça fait du bien.
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