Tron - L'Héritage par cloneweb
En 1982, Tron de Steven Lisberger sortait sur les écrans. A l'époque, personne ne croyait au projet. La post-prod avait été terminée dans une caravane sur un parking de Disney et les recettes en salles n'étaient pas florissantes.
Mais le bouche à oreille se faisant, la VHS tourne chez les informaticiens de l'époque, le film fait parler de lui et finit par avoir le statut de film culte, voir révolutionnaire pour certains puisque Tron contient les premières images de synthèses utilisées de manières intensives (il y en avait déjà un peu dans Star Wars en 1977 mais utilisées de manière très ponctuelle).
Le film y montre un univers peu accessible à tous et l'histoire n'est pas forcément des plus passionnantes. Près de 20 ans après le film de Lisberger, la suite arrive sur nos écrans avec le même genre de qualités et aussi le même genre de défauts.
Commençons par les défauts. L'histoire de Tron L'héritage ne brille pas par son originalité. Le scénario auquel a collaboré Steven Lisberger, créateur de l'univers de Tron, pourrait être résumé en une ligne : la quête d'un fils qui part à la recherche de son père pour le ramener à la maison. Rien de bien novateur quoique les fans d'Avatar rappeleront qu'une histoire classique peut être intéressante si elle est bien racontée.
Cette intrigue principale mettra du temps à s'installer. Il faut bien entendu expliquer l'univers à tout ceux qui ne connaissent pas Tron et sa mythologie. Le temps qu'il faudra pour qu'un néophyte comprenne bien tout sera donc pris, de là à ce qu'on se demande un peu au début du film ce que va faire Sam sur la Grille.
Si le temps est pris pour tout bien expliquer, c'est notamment parce que l'univers de Tron est très dense et qu'il a bien évolué depuis le premier film. Ainsi, si le pitch est simplissime, cet univers se révèlera passionnant à (re)découvrir, d'autant plus si vous avez vu l'original.
On regrettera aussi que le nouveau venu interprété par Garrett Hedlund (vu dans Troie et dans Death Sentence) ne soit pas un peu plus intéressant. Le personnage est très intéressant mais l'acteur ne brille pas par son travail. Avec ses faux airs d'Hayden Christensen, il donne un peu l'impression d'être interchangeable.
A l'inverse, Olivia Wilde est envoutante et Jeff Bridges est évidemment parfait et montre une nouvelle fois qu'il est un des acteurs les plus doués. Son double numérique, lui (une version rajeunie de l'acteur par ordinateur) a parfois quelques problèmes visuels mais c'est finalement justifié par le fait qu'il soit un programme et pas un être humain. Il reste cependant du boulot pour qu'on arrive à modéliser numériquement un humain.
Mais la force de Tron L'Héritage réside principalement dans sa technique. Confier la réalisation à Joseph Kosinsky est une excellente l'idée. Si c'est son premier long métrage et s'il n'a réalisé jusque là que des publicités, l'homme a une qualité principale : il a eu une formation d'architecte. Quoi de mieux pour filmer un univers très carré, très design et nous en mettre plein les yeux ? Le réalisateur s'amuse avec de grands mouvements de caméras et de jolis pleins soignés de reflets, d'eau, ...
Et le design alors ? Quel design ! S'il ne plaira pas à tout le monde, l'univers de Tron L'Héritage est incroyable (et les effets spéciaux frôlent la perfection). Sombre et lumineux, noir et coloré, évolué depuis le premier film et à la fois complétement fidèle, tout y est fouillé, soigné et vraiment très beau. Si vous avez l'occasion d'aller voir les courses de light cycles en Imax, si une salle est près de chez vous, n'hésitez pas.
L'informatique y est gérée de manière intelligente, l'univers a évolué mais là aussi reste fidèle et cohérent au premier film. Pas d'esbrouffe visuelle de ce coté là.
L'autre qualité principale du film, c'est sans doute celle que les fans des Versaillais attendent le plus : la musique de Daft Punk. J'avoue ne pas être fan du tout du groupe, ni même du genre de manière générale mais là j'ai été subjugué. Leur musique semble taillée pour l'univers, comme si Daft Punk en faisait partie intégrante (d'ailleurs, ils apparaissent en tant que DJ dans le film). C'est d'autant plus un régal pour les oreilles si vous avez l'occasion de le voir et de l'entendre en Imax.
Tron L'Héritage est donc un film qui ne plaira pas à tout le monde. L'histoire est assez simple et l'univers peut sembler très hermétique à qui n'est pas technophile ou n'adhère pas aux visuels. Qui plus est, le film n'est pas aussi techniquement révolutionnaire que son prédécesseur et ne bénéficiera sans doute pas du statut culte
Mais passez outre tout cela car Tron L'Héritage c'est avant du grand spectacle. Du grand, du très très grand spectacle.