J'viens de voir par hasard le film "Trop belle pour toi" avec Gérard Depardieu sur Arte à l'instant là.
Là, je suis vraiment ébloui. A mon avis, ce film touche aux essences du cinéma.
Les dialogues ont des semblant absurdes mais sont pourtant représentatifs de ces pensées et sentiments qui peuvent traverser tout un chacun. Par moment, les personnages rompent avec cette absurdité dans des éclairs osés et lucides qui permettent au film de suivre une trame narrative relativement logique.
Je ne sais pas trop comment décrire ça mais j'ai vraiment été touché, chaque personnage vit dans une introspection permanente tout en l'exposant à tous dans une mise en scène léché, au mouvement de caméra ample et doux.
Le tout accompagné d'une musique classique (Schubert) très présente et qui alterne constamment entre intra-diégèse et extra-diégèse. Ceci, combiné à une narration avec différente formes (les personnages incarnent par moment la voix off, ou racontent par moment la suite de l'histoire) cela donne l'impression de sortir, de casser les codes du cadre classique de la narration-fiction.
Les dialogues sont drôles sans donner le sentiment qu'ils se veuillent ainsi, toujours constitués de beaucoup de silence. J'ai le sentiment que ce film décrit parfaitement le phénomène de méta-pensé, le fait de réfléchir sur notre propre façon de pensé, pour autant il ne se transforme jamais en une œuvre d'art contemporaine et l'historie reste compéhensible.
Les rapports entre personnages sont particuliers eux aussi, les figurants pouvant soudainement être pris à part par les protagonistes et ainsi prendre un rôle important, voilà quelque chose que je désirais secrètement du cinéma et que je n'avais encore jamais vu jusqu'à alors.
La narration se mélange aussi énormément, on ne sait pas vraiment qui parle, mais chaque personnage vient ajouter sa propre vision de l'histoire.
Les images évoqués sont magistrales, lorsque Depardieu évoque sa vie : on ressent le malaise, on ressent ce fameux gouffre entre ce qu'on pense désirer et ce qu'on apprécie réellement. On comprend insidieusement que cette vie, celle que la société brandit comme modèle rêvé, n'est pas toujours la plus appréciable.
A voir.