Equilibre fragile
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« Tropa de Elite » n’est pas le premier film à traiter de la violence des favellas, loin de là. L’uppercut « Citade de Deus » était déjà sorti 5 ans plus tôt. Néanmoins, le film de José Padilha dresse un portrait sans concession du système criminel et policier à Rio de Janeiro. Ce qui lui vaudra un énorme succès au Brésil, et permettra au réalisateur et à son acteur principal (Wagner Moura) de tenter leur chance à Hollywood.
On y suit plusieurs personnages et sous-intrigues, qui tiendraient presque d’un style à la Scorsese avec cette voix-off récurrente ! Le film évoque ainsi la situation presque postapocalyptique des favellas, totalement contrôlées par les gangs lourdement armés. La police est complètement dépassée, et gangrénée par la corruption et le clientélisme. Les étudiants riches font du social, mais financent les trafiquants en consommant de la drogue. Et le fameux BOPE, le GIGN brésilien, intervient régulièrement de manière très musclée.
Le tout narré de manière énergique, grâce à l’entrecroisement des histoires. Tandis que le niveau de corruption et de violence laisse pantois, quand on sait que le film est basé sur un livre, adapté de l’expérience de deux anciens du BOPE. Côté mise en scène, José Padilha opte pour des décors réels et de la caméra à l’épaule nerveuse. Il faut admettre que c’est souvent percutant, mais très ponctuellement à la limite du lisible.
Si sa forme en fait un drame criminel/militaire efficace, c’est aussi le fond qui est intéressant ici, car particulièrement ambigu.
Clairement, tout le monde en prend pour son grade dans un système pourri. Le BOPE est lui présenté comme incorruptible, efficace, et surtout indispensable dans cette société en totale déliquescence. Mais leurs méthodes discutables (exécutions sans sommation, torture arbitraire…) sont également montrées, laissant ainsi à chacun de se faire son opinion.
Certains y verront une glorification fasciste de la violence du BOPE, seul rempart face à une criminalité qui est devenue la norme. D’autres verront cela comme une critique du BOPE et de ses dérives, symbole d’un système autoritaire parti en cacahuètes. Le portrait nuancé du protagoniste (officier compétent mais dont la pression lui fait péter les plombs) aidant à garder une frontière floue.
En résulte une œuvre divertissante et intelligente, qui n’a pas volé son succès.
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Créée
le 19 juil. 2023
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