Trotteur
Trotteur

Court-métrage de Arnaud Brisebois et Francis Leclerc (2010)

"'Duel' dans la neige" : Soirée 16ème Festival du Court-Métrage, Film 8

Trotteur est un court canadien très travaillé dans sa forme sans pour autant en éluder le fond, lequel semble aussi allégorique et insensé que brillant d'opportunisme. La réalisation soignée des deux réalisateurs pourraient toutefois être accusée d'abus de slow motion, technique visuelle figeant les personnages hors du cours du temps, telles des entités irréelles magnifiées par les prises de vue, les expressions graves et la personnalité épique du film. Tout cela participe à la création d'un univers atemporel, d'un affrontement titanesque dans la neige sanctifié par l'unique beauté de l'absurde.

Le héros de ce court est un grand garçon blond mentalement retardé, dont le regard, la démarche, les mimiques et la détermination symbolisent tant et peu, tout et rien. Individualité, besoin de protéger les êtres chers, flamme de bonté rayonnant dans le regard, ce gamin dans un corps d'homme compose une incarnation réussie des défis aveugles et parfois impossibles à relever d'une vie que l'on refuse de ne pas contrôler. Son duel face au monstre de fer qu'incarne un immense train à vapeur d'un noir de nuit contrastant élégamment avec la blancheur épurée de la neige omniprésente , est tiré d'une légende locale. Le garçon se motive, s'échauffe, se frappe le corps d'un fin bâton, puis se met en position de départ... pour s'envole de concert avec la locomotive dans une course effrénée au coeur de l'immensité enneigée, luttant férocement pour ne pas abdiquer et conserver les rênes de... quoi au juste ?

Car Trotteur laisse place à la spéculation, à l'interprétation personnelle de la poésie mise en oeuvre à l'écran. Poésie visuelle tout d'abord, avec moult ralentis et effets de caméra soignés, des personnages qui symbolisent une partie des combats de la vie de tout un chacun, allant des camarades de classe cruels et moqueurs au sens moral inexistant, en passant par l'amour, la nécessité de protéger l'innocence, ou encore le défi informe, colossal et insensé que le Hasard met parfois sur le chemin qu'emprunte notre existence. L'ambiance particulière de cet OFNI tient énormément à sa musique exceptionnelle, le genre capable de faire ressortir cette lueur mélancolique qui couve au coeur de tout un chacun, ce trop-plein d'émotion qui s'alimente lorsque notre habileté sensorielle se retrouve mise à nu par ces mélodies envoûtantes contre lesquelles personne ne devrait jamais être immunisé.
Taurusel
8
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le 19 janv. 2013

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Taurusel

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