Premier scénario d'un sombre inconnu tombé entre les mains de l'ancien acteur australien John Polson (le blagueur pas très utile dans Mission: Impossible 2) et qui avait déjà tâté du thriller en mettant en scène Swimfan trois ans plus tôt, Trouble Jeu est une bonne petite déception, ce genre de films à bande-annonce aguicheuse qui ne vaut finalement pas grand chose à part peut-être pour contrecarrer l'ennui un dimanche pluvieux.
Pendant près d'une heure, le pauvre filme le quotidien plan-plan d'un psychologue veuf et de sa fille traumatisée dans une baraque reculée de l'État de New-York. Quand cette dernière accuse son nouvel ami imaginaire d'être responsable des petits évènements douteux se produisant dans la maison, notre héros va commencer à douter de la santé mentale de sa progéniture... Dit comme ça, Trouble Jeu semble intrigant et il aurait pu l'être entre d'autres mains. Autour d'un script intéressant ne valant finalement que pour son twist-ending malin, Polson rate intégralement sa mise en scène, incapable de gérer un réel suspense, de proposer une atmosphère pesante et de jouer avec les nerfs et les doutes du spectateur.
Déjà faut se farcir un Bob De Niro pas très crédible en papa poule de 60 ballets, veillant sur la petite Dakota Fanning, qui casse agréablement son image de pleurnicheuse de La Guerre des Mondes sorti la même année. Et si vous avez survécu à un superbe prologue digne d'un épisode de "Dallas", il faudra vous accrocher devant un enchainement de séquences toutes plus ennuyeuses les unes que les autres, Polson utilisant à mauvais escient son espace, ses personnages et les situations de son script, cadrant n'importe comment et sans aucun rythme des parties de pêche et des bouilloires qui fument au lieu de jouer avec les genres, n'induisant jamais le spectateur vers de fausses pistes comme ont pu le faire Zemeckis ou Shyamalan.
Reste un dernier acte mieux foutu car plus dynamique, se passant quasi-intégralement dans une pénombre maîtrisée, il faut bien l'admettre. Au final, nous avons un thriller plus ennuyeux que fascinant, plus maladroit qu'énigmatique, un direct-to-DVD oubliable sorti en salles obscures uniquement grâce à son casting, une autre erreur de parcours pour De Niro, qui avait déjà commencé sa lente descente dans le n'importe quoi au début des années 2000.