En 2008, Troupe d’élite sortait au cinéma en France dans l’indifférence totale. Un triste constat pour une œuvre établissant un bilan inquiétant quant à la situation au sein des favelas de Rio de Janeiro. Malgré les avis mitigés sur l’œuvre, celle-ci récolta diverses récompenses dont l’ours d’or. Deux années plus tard, José Padilha réalisa Troupe d’élite 2.
On retrouve nos protagonistes là où nous les avons laissés à la fin du premier chapitre. Le réalisateur a la bonne idée d’incorporer différents moments de Troupe d’élite dans le générique. Une audacieuse façon de nous rafraîchir la mémoire sans avoir à nous résumer le film dans sa première partie. Après avoir posé les bases de ce nouveau récit, on se retrouve propulsé jusqu’à notre époque. Le metteur en scène prend alors le temps de dérouler son intrigue, présentant ainsi les différents personnages importants. On cerne rapidement quelles sont les motivations de chacun. On est vite entraîné dans cette histoire impliquant les plus hautes sphères de la ville.
Tout comme son prédécesseur, l’œuvre réussit à mêler scènes d’actions et enjeux politiques tout en livrant une critique sur les conditions de vie des favelas de la ville. Un sujet plutôt sensible étant donné qu’il est sorti en pleine période électorale et qu’il met en cause les différents pouvoir de la ville : politiciens, journalistes et services de sécurité. Cette volonté de retranscrire la réalité vécue par les brésiliens est criante de vérité et renforce notre immersion.
On se retrouve tout simplement scotché par la facilité avec laquelle José Padilha nous transporte entre les différents protagonistes permettant ainsi de mieux comprendre la complexité du problème évoqué. Dans cette même optique, on s’éloigne des bidonvilles de Rio pour avoir une vue globale des enjeux.
La voix off du Colonel Nascimento permet de mieux s’immerger dans ce monde et ainsi mieux se familiariser avec les rouages du système. Pour autant, ce parti pris n’est pas qu’un moyen pour faciliter l’accès à cet univers. Il joue aussi un rôle dans la structure narrative de l’œuvre. En effet, la narration de notre protagoniste influe notre perception quant à l’évolution de l’histoire et nos anticipations des actions futures. Un bon moyen pour le réalisateur de jouer avec nous et nous prendre à contre-pied sur le déroulement des événements.
On est réellement captivé par le récit et les péripéties que vont vivre les personnages vont nous impliquer émotionnellement. Une preuve que l’auteur caractérise parfaitement ses protagonistes au vue de l’empathie que l’on ressent pour eux.
En somme, pas grand-chose à redire sur l’œuvre. On retrouve rapidement nos marques et on est vite happé par ces nouveaux événements. Par moment, on est proche de l’excellent La cité de dieu notamment concernant le rôle des autorités au sein des favelas. Un constat plutôt glaçant prouvant que malgré les dix années les séparant, rien n’a réellement changé. On constate rapidement que le contrôle des favelas est un enjeu aussi bien politique qu’économique.
Vous l’aurez compris, Troupe d’élite 2 est une œuvre réussissant à divertir tout en délivrant un message social pertinent. Un film à visionner d’urgence, et si se n’est pas encore fait, il est conseillé de regarder Troupe d’élite premier du nom afin de mieux comprendre l’histoire qui nous est narré.
Au vue des ses qualités plastiques et narratives, il n’est pas étonnant de voir Hollywood faire les yeux doux à José Padilha. On le retrouvera au cinéma en 2014 avec le remake de Robocop qui, si on en croit les bruits de couloirs, a vécu une production plutôt mouvementé notamment via le départ de Hugh Laurie et les divergences d’opinions entre le réalisateur et les producteurs. Il fera aussi sa première incursion dans l’univers télévisuel via une série consacré à Pablo Escobar.
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