Le western classique est un genre qui se raréfie avec les années. Plus le temps passe et moins on ne peut voir de cowboys sur grand écran; il n'y a d'ailleurs pas eu grand chose à voir depuis Clint Eastwood et son légendaire Impitoyable.
Dans les années 90 et 2000, quelques réalisateurs ont fait des tentatives plus ou moins sympathiques, notamment Lawrence Kasdan (Silverado puis Wyatt Earp), Kevin Costner (Open Range) ou plus récemment James Mangold avec le remake de 3h10 pour Yuma.
D'autres ont repris les codes du western pour en faire autre chose. On pense notamment à Joss Whedon et l'univers de Firefly/Serenity ou -plus contemporain- Tommy Lee Jones avec Trois Enterrements ou ... les frères Coen qui sortirent sur les écrans No Country for Old Men en 2007.

L'arrivée de True Grit au cinéma est donc d'autant plus une bénédiction pour les amateurs du genre que le film est une immense réussite !
Après deux heures de Far West lorsque les lumières de la salle se rallument, et après une scène finale en hommage à Impitoyable (jolie référence quand même), on se dit qu'on tient quelque chose...

Les frères Coen ont donc choisi après leur western moderne d'en faire un classique. Pour cela, ils adaptent le romain de Charles Portis, déjà porté au cinéma par Henry Hathaway avec John Wayne dans le rôle principal et sorti en 1969 (Wayne obtient d'ailleurs l'Oscars du Meilleur Acteur pour son interprétation). Mais leur True Grit n'est pas le remake de Cent Dollars pour un Shérif, c'est bien une nouvelle version du roman.
Et si on est bien face à un western classique dans sa narration, on est aussi devant un scénario des frères Coen. True Grit est donc un western bavard, offrant notamment de longues scènes d'introduction mais aussi plus drôle que ce qu'on a l'habitude de voir.
Les Coen appliquent donc leur patte au scénario mais respectent quand même le bouquin, adaptant ici et là, et reprenant de nombreux petits détails qui raviront les lecteurs anglophones de Charles Portis, comme le fait que Chaney -le « méchant » du film- utilise une corde en coton pour tenir son fusil.
Ils font aussi sans doute de Mattie Ross, la jeune héroïne, une personnalité encore plus forte qu'elle ne l'a été dans le roman, notamment grâce à d'exceptionnels dialogues.

Décors soignés, caméra sage filmant les grands espaces et les forêts de l'Arkansas, les frères Coen font un boulot très sobre pour réaliser le film nous rappelant une fois de plus qu'on est vraiment dans le western classique, sans réelle volonté de moderniser la forme. Et c'est tant mieux !

Pour incarner une 2e fois Rooster Cogburn et succéder à l'oscarisé John Wayne, il fallait une pointure. C'est l'excellent Jeff Bridges qui s'y colle donc, avec grosse voix bourrue, son bandeau sur l'oeil et ses histoires de cowboys vieillisants. Son interprétation rappelle un peu le coté bourrin du personnage qu'il incarnait dans Crazy Heart mais au-delà de cela, Bridges semble tailler pour le western et l'acteur prouve une nouvelle fois que, plus le temps passe, plus il entre peu à peu dans la légende.
Mais la vraie révélation du film, ce n'est ni The Dude, ni même Matt Damon très bon dans son rôle, c'est Hailee Steinfeld. La jeune fille n'a que 14 ans, True Grit est son premier rôle au cinéma, et elle porte littéralement le film. Impeccable de bout en bout, parfaite face à des pointures comme Bridges ou Josh Brolin, on lui souhaite une belle et longue carrière au cinéma.

Si vous aimez John Wayne et Clint Eastwood, vous vous jetterez sans hésiter sur True Grit tant il rappelle la bonne époque des western de Clint Eastwood.
Si vous aimez les histoires savamment écrites et portées par un casting exemplaire, n'hésitez-pas non plus.
Pour ma part, j'ai fais mon choix, plaçant le film des frères Coen un cran au-dessus de l'univers virtue de Joe Kosinksy ou du ballet de Darren Aronoksfy.
True Grit est ce qui est arrivé de mieux au cinéma pour commencer 2011. Un futur classique ?
cloneweb
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le 17 janv. 2011

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