Si True Grit s'inscrit dans les esprits comme l'avatar hebdomadaire du western américain, il n'est qu'un fantoche du genre, les décors et les colts faisant tapisseries pour rendre le film plus vrai.
Certes, si le rôle de Rooster Cogburn colle à la perfection à l'image de Jeff Bridges, le personnage en lui-même n'est pas tant renversant que cela. On découvre un vieux Marshall aigri et fatigué, à la voix éraillée et impossible à déchiffrer sans l'aide des sous-titres qui nous sauvent de ce patois américain mâché et inaudible. Non pas que la performance de Jeff Bridges soit médiocre, mais le personnage que les frères Coen ont pu créer n'offre pas l'intérêt qu'on aurait pu lui porter sinon celui d'un vieux vétéran faisant un safari avec sa petite-fille.
Et quelle petite-fille ! Comment imaginer un tel bout de femme à une époque pareille, dans un contexte semblable. Une gamine qui mène son monde du haut de ses quatorze années et dotée d'un culot que peu d'adultes sauraient faire preuve, comment avaler un tel monstre dans l'Ouest profond ? Machiste, violent et avec si peu de place pour la femme. S'appellerait-elle Calamity Jane passerait encore, mais on ne croit pas à ce petit bout de femme qui tient tête au monde entier.
Et pour en finir sur le petit trio, Matt Damon apparaît comme la cinquième roue du carrosse, bon à se prendre les pieds dans sa veste à froufrous. Comme un bon garçon vacher du Texas, le personnage de LaBoeuf est une parodie mal étouffée des Texas Rangers: à le voir subir tous ces sévices pendant toute la durée du film, on ne peut s'empêcher de pointer du doigt le bouffon qui nous fait rire.

Et c'est donc en bonne compagnie que l'on se lance à l'aventure. Et quelle aventure ! Là où nous devions nous attendre à une chasse à l'homme longue et difficile, la présence de la demoiselle et de notre clown texan rabaisse la traque à une randonnée-camping en territoire indien.
Ponctuant la chasse par de beaux paysages, de rencontres exotiques -oui, rencontrer un malheureux indien et un dentiste à la peau d'ours en territoire sauvage peut être qualifié d'exotique- et agrémenté d'épisodes héroïques et plein de virilité -sisi, le tir aux crackers semblait être un passe-temps premier pour nos amis pionniers-.
Et que dire de nos bandits, nos terreurs de l'ouest. Des mâles suant la méchanceté et la vilenie humaine?... Non, aucune chance, les frères Coen nous laissent baigner dans un bouillon de culture navrant, entre un Chaney dépressif, un associé jappant comme un animal sans raison et un Lucky Ned Pepper chef d'une compagnie de scouts. En définitive, on ne sait pas trop quoi penser de cette aventure. On n'en ressort pas avec l'esprit du Far-west, on ne ressent pas vraiment d'attirance pour ce vieux bonhomme ni pour cette piailleuse, on regrettera juste la mise à mort sommaire de Blackie le poney et une fin qui n'en a que le nom.
Bref, l'on ressort du film avec un énorme « pourquoi » sur les lèvres, faute à une séquence de fin n'offrant aucune véritable finalité à ce film si ce n'est l'image d'un râle lent et accessoire.
LoïcTonyBarnet
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le 27 août 2012

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LoïcTonyBarnet

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