Les années passent et les Frères Coen semblent de plus en plus s'approcher d'un classicisme qu'on n'attendait pas d'un tel "couple" de petits malins, à la fois intelligemment "post-modernes" et joliment roublards. "True Grit" surprend par son refus d'une approche intellectualisée du western (mais après "Impitoyable", on se doute qu'il est difficile de travailler plus profondément le Mythe), comme par son choix d'une forme des plus sobres : bref, Joel et Ethan ne jouent pas aux plus fins avec le matériau qu'ils ont entre les mains, ce qui ne veut pas dire que leur film manque de profondeur pour autant… Car cette vision sèche, objective, radicalement frontale d'un monde barbare et immoral, finit par impressionner, jusqu'à un final d'une force émotionnelle inédite au sein de l’œuvre plutôt froide des frères. S'il nous a fallu un peu de patience pour en arriver là (le film prend son temps, c'est certain…), on se sent profondément récompensés à la fin de cette quête d'un sens forcément introuvable. [Critique écrite en 2011]