C’est un film de Tony Scott, pourtant tout le monde, (même moi) parle de Quentin Tarentino. Pourquoi ? Parce que Quentin a une telle façon d’écrire ses histoires, un style si particulier, qu’on pourrait le reconnaître entre mille. C’est tellement imprégné de son univers, que quiconque qui fait une adaptation d’un de ses trucs « tarentiniens », se voit condamné à faire un plagiat, si il n’a pas demandé l’autorisation, ou une copie conforme, si Quentin a donné son accord. La seule chance de salut, pour réussir à s’en sortir et aller plus loin, c’est de s’appeler Stanley Kubrick, au moins. (Et il faut avouer qu’un film de Stanley Kubrick, à partir d’un scénario de Quentin Tarentino, même en imagination ça fait quand même peur).
Un couple de losers dont l’un, (ou les deux), est trompe-la-mort, et l’autre, (ou les deux), parle par citations cinématographiques ? Pulp Fiction, bien sûr. Des idiots tentent un casse trop gros pour eux, et ça se termine en tuerie mémorable ? Reservoir Dogs, bien sûr. Là où on est injuste avec Tony Scott, c’est qu’avec une histoire qui possède en puissance deux futurs films cultes de Quentin, il fait du Tarentino sans le savoir. Tony est un vrai professionnel, l’adaptation est parfaite, faite par un réalisateur de métier, pas un génie du septième art, mais n’est pas Kubrick qui veut, et Tony n’a jamais œuvré ou revendiqué en ce sens. Des héros brut de décoffrage ?
Un film d’action, blockbuster violent et décontracté? Des décors kitsch, une mise en scène virile, et le tout sans prétention autre que de divertir ? Pas de doute, c’est un film de Tony. D’ailleurs, il va réutiliser la fameuse « tuerie » finale dans Ennemi d’Etat, sans que personne ne songe à parler de Tarentino. Le seul moment où j’ai été saisi d'un gros doute, (parce que je me suis rendu compte que j’avais changé de film sans toucher à ma télécommande), c’est lors de la confrontation entre Christopher Walken et Anthony Hopkins. Répliques cultes, changement ambiance, et moment de calme avant la tempête, digressions narrative, et conclusion brutale; pas de doute. Ça c’est du Quentin tout craché !
Bon film de Tony Scott, à n’en pas douter, supervisé par Quentin Tarentino, sûrement. Avec un casting en béton armé, et des seconds rôles en or massif, bariolé comme les aime Quentin. Je retiens un Gary Oldman étonnant, et le jeune Brad Pitt, inattendu. Il y a du beau monde, on a l'embarras du choix. Bon divertissement à tous!