True Story est un film correct mais ce n’est pas un grand film, probablement en raison de son rythme un peu trop lent, et de trop de retenue dans ses personnages. Si le film est l’occasion pour Jonah Hill de s’illustrer dans un rôle dramatique et sombre, les relations de son personnage avec les autres manquent un peu de souffle. La réalisation n’a rien de spécial, un peu tape-à-l’œil dans les plans liés aux victimes : les ralentis sur l’ours en peluche qui tombe aux côté de l’enfant, les ralentis avec effets de couleurs dénaturés sur la vie de famille heureuse… c’est assez étrange d’esthétiser autant ces flashbacks, ça éloigne les victimes de la réalité, comme si elles n’étaient pas vraiment décédées tragiquement. Difficile de dire si c’est de la pudeur ou de la facilité.
Ce qui m’a le plus marqué dans ce film c’est le jeu dérangeant et fascinant de James Franco. Dès leur première rencontre il est évident que Christian Longo manipule Michael Finkel, journaliste fraudeur et désavoué en quête de rédemption. Mais, en gardant toujours la même ligne de jeu, il arrive, un court instant, à nous faire douter, là où tout l’accable. Et cet instant si bref soit-il est dérangeant, car il aurait pu permettre à un jury d’acquitter un quadruple meurtrier. En revanche, une fois cet instant passé, la fin du film se révèle plutôt fade, car répétition de ce qui s’est vu avant. La relation qui lie les deux personnages masculins, jeu de manipulation et de fascination, reste trop entre eux, on n'arrive pas à y voir un réel intérêt.
Je regrette aussi le manque de développement de la relation entre Michael Finkel et sa femme. On sent que Felicity Jones a en permanence les émotions à fleur de peau, mais le film ne lui donne jamais vraiment de champ d’expression - en dehors d’une scène intéressante avec James Franco. Au final, le spectateur est comme elle, en dehors de cette relation, intriguée, mais pas passionnée.
En résumé, si le film offre certains bons dialogues et scènes, il est trop distancié de son sujet, et peine à vraiment marquer.