Le Tchat et la Souris [SPOILER ALERT]
Je ne passerai pas l'indéniable surprise de ce film qui est l'identité de son réalisateur. En effet, David Schwimmer est plutôt connu pour son rôle de Ross dans Friends et, même si les fans savent qu'il a réalisé quelques épisodes de la série, l'étonnement est assez grand lorsqu'on le voit s'attaquer à un sujet aussi grave que celui abordé dans Trust. Cependant, cette surprise ne doit pas gâcher l'objectivité par rapport au film.
Trust a une première qualité, fort appréciable pour le thème, qu'est la subtilité de traitement. Cette subtilité peut être rapprochée à de la froideur pour certains, je ne suis pas vraiment d'accord. La pédophilie via Internet est un sujet d'actualité depuis de nombreuses années, et il est pourtant assez rare de le voir abordé sur grand écran. Le défi était donc de taille pour ne pas sombrer dans la pathos ou le sordide. Gros point positif, Schwimmer évite tout et surprend par un scénario à la tournure assez originale.
Personnellement, je ne connaissais rien du film, n'avais vu aucune image et dès les premiers instants j'ai cru que toute l'œuvre ne serait tournée que sur le rapport de séduction dangereux entre la jeune Annie et son prédateur. Il n'en est rien. Les évènements s'enchaînent à une vitesse assez folle jusqu'au fameux viol de la jeune fille. C'est sur la suite que souhaite se pencher le réalisateur.
Et plus particulièrement sur la relation père/fille qui se dessine à travers le drame familial.
En effet, face à Annie, 14 ans, (Liana Liberato juste) qui n'arrive pas à avoir les idées bien claires par rapport à ce qu'elle a vécu, nous retrouvons son père (Clive Owen, assez étonnant dans ce rôle) qui prend en pleine figure ce tragique évènement d'une façon tout à fait personnelle. Les deux personnages prennent des chemins diamétralement opposés jusqu'à se retrouver dans une scène finale très touchante sans être larmoyante (j'y suis allé de ma larmichette tout de même).
Le tout est assez réaliste, voire très cru, je dirais presque, sans aucun jeu de mots, « tout nu ». Il n'y a pas d'artifice superficiel, mais on a l'impression d'un petit côté entendu : c'est comme ça que ça se passe. Point. La scène où la jeune fille se fait examiner suite à l'agression est un prompt exemple de cela. Pour ma part, j'ai ressenti ce parti pris comme une profonde sincérité, l'envie de dépeindre le réel tout en gardant une part de fiction, donc sans verser dans le documentaire non plus.
Après, la principale impression qui me reste à la sortie de Trust est une impitoyable frustration...