Maria, lèvres allégrement rougies, ongles vernis de rose et cheveux blonds bouclés rebelles à son image est ce que l’on appelle communément une chipie. Plus préoccupée par ses fringues que par sa santé, elle vit sa vie clope au bec et canette à la main. Cette personnalité particulière l’amène à rencontrer un homme qui est – au même titre qu’elle - détesté par sa famille. Ce type, Mathew, a pris l’habitude de se balader toujours accompagné d’une grenade en état de marche que son grand-père a ramené du Vietnam.

Si je prends la peine de vous décrire ces deux personnes, c’est avant tout pour illustrer le fait que ce film relate l’histoire de cinglés notoires, vulgaires, pour qui les mots avortement et mariage s'emploient incessamment et ne symbolisent rien d'autre que l'acte en lui-même, détaché de ses causes ou de ses conséquences.

La rencontre de toutes ces personnalités crée des situations pour le moins improbables, vraiment amusantes. Et c’est d’ailleurs là un des atouts du métrage, il est poilant, les dialogues sont étonnamment intelligents pour une comédie « récente », on ne tombe jamais dans la facilité et même les passages d’intimité se passent des répliques racoleuses, bêtes et surutilisées de nos jours en ce qui concerne l’amour.

Le talent d’écriture est complété par un jeu d’acteur très soigné teinté d’une ironie souvent décelable et fort plaisante. Malgré le caractère tragique de leur situation, Maria et Mathew ne perdent pas la parole, ils changent mais semblent trouver l’idée d’une éventuelle dépression d’une ringardise infinie. La comédie opère alors, se mêlant à merveille au drame.

Enfin, le dernier aspect qu’il est bon de relever est la musique. Elle est peu utilisée mais parfaitement adaptée aux situations. Elle vient rythmer les dialogues, les engager ou les conclure avec une précision qui marrie image et son pour la livraison d’une grande œuvre.

Trust Me, Amory est un flamboyant éclaireur.

Créée

le 16 oct. 2013

Modifiée

le 15 oct. 2013

Critique lue 913 fois

29 j'aime

7 commentaires

Deleuze

Écrit par

Critique lue 913 fois

29
7

D'autres avis sur Trust Me

Trust Me
guyness
6

Antisocial

Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale, Tu masques ton visage en lisant ton journal Matthew et Maria, par nature ou par la force des choses, se sentent parfaitement étrangers à la...

le 23 oct. 2014

32 j'aime

10

Trust Me
Deleuze
8

La chipie mal chapeautée

Maria, lèvres allégrement rougies, ongles vernis de rose et cheveux blonds bouclés rebelles à son image est ce que l’on appelle communément une chipie. Plus préoccupée par ses fringues que par sa...

le 16 oct. 2013

29 j'aime

7

Trust Me
Sergent_Pepper
6

Hartley, cœurs captifs.

Dans Trust Me, un grand nombre de personnages tombent au sol. Certains s’évanouissent, d’autres accusent le coup d’une mauvaise nouvelle ; certains tombent d’ivresse, d’autres meurent. Ils ont de...

le 23 oct. 2014

19 j'aime

19

Du même critique

Raging Bull
Deleuze
9

Lettre ouverte

Papy, J'aurais tant aimé voir ce film en ta compagnie. Voir De Niro, exposant son art, évoluer dans le monde de la boxe, ce monde d'hommes misogynes au possible où la virilité est de mise. Observer...

le 25 mai 2013

124 j'aime

22

Martyrs
Deleuze
8

Témoins

Je suis faible, terriblement faible. Non mais si, c’est vrai, je vous jure. Comment ai-je pu oser partir avec des préjugés ? Un film d’horreur français réputé choc, ça va forcément être moyen, de...

le 16 déc. 2013

114 j'aime

10

La Ligne rouge
Deleuze
8

Soldats, quel est votre métier ?

2 jours, 2 films. Les moissons du ciel hier, La ligne rouge aujourd’hui. Hier, j’étais admiratif, aujourd’hui je le suis toujours. Admiratif devant cette façon qu’a Terrence Malick de filmer la...

le 29 mai 2013

86 j'aime

16