Il y a deux manières d’aborder « Truth ».
On peut y voir un film relativement académique, sans réelle surprise et dénué de génie.
Ou alors le considérer comme un document précieux, rapportant les nombreuses déconvenues qui obstruent la route des journalistes américains.
Sur ce dernier point, tout y passe : une enquête vilipendée par des groupes d’intérêt, des contre-expertises partisanes, des analyses repoussées à la marge…
C’est toute une équipe de télévision qui va subir les contrecoups et pressions occasionnés par un reportage à charge portant sur le parcours militaire du président W. Bush. Partant de là, on assiste, un peu médusé, à un drôle de retournement de situation : les reporters censés exercer un contre-pouvoir paient pour leur travail journalistique. Une fois le doute insinué, lentement distillé, leur enquête est reléguée au second plan, et il s’agit pour eux de se défendre contre des attaques de plus en plus virulentes. L’arroseur arrosé, et la démocratie abîmée.
Ces entraves handicapant lourdement l’activité médiatique sont la ligne cardinale de « Truth », tant et si bien que les personnages ne sont considérés qu’à cette mesure. C’est là que le film rencontre ses limites. C’est aussi sous cet aspect que le document (le traitement des rapports de force) semble plus intéressant que le geste cinématographique en lui-même.