Batterie déchargée

Immanquablement, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre ce film et le « White bird » de Greg Araki, pas forcément sur la forme, mais bel et bien sur le fond. Nicole est également une jeune fille au sortir de l’adolescence, qui (absence physique et morale des parents aidant) se cherche, et ne sait comment affronter une vie qui jusque là semblait facile (« c’était plus fun avant » déclare t-elle à sa meilleure amie). On va la suivre en l’espace de quelques jours, dans la banalité d’un quotidien qui est tout sauf anodin, notamment en matière de sentiments. Déception amoureuse, amitié qui se délite, envie d’ailleurs, tout y est suggéré avec pertinence et une certaine lascivité. Des petits morceaux de vie accolés les uns aux autres qui reflètent une certaine idée de la mélancolie mais aussi de beaux moments poétiques ou cocasses. Nicole, c’est Julianne Côté jeune actrice québecquoise à la beauté angélique qui se donne à fond dans le rôle y apportant toute la complexité, l’antagonisme et la malice nécessaire. Sa maturité de jeu surprend autant qu’elle séduit. Le reste du casting n’est d’ailleurs pas en reste, Marc André Grondin en grand frère neurasthénique confirme plus que jamais qu’il est autre chose qu’une icône à midinettes, Francis La Haye, ténébreux à souhait est formidable. Et si Araki a choisi pour traiter ce dur passage à l’âge adulte l’option suspense et surréalisme, Stéphane Lafleur cultive lui la délicatesse et la suggestion, renforcées par un noir et blanc magnifique (digne d’un Jarmusch). Entre Dolan, ou des films comme « Gabrielle », ou « Gerontophilia », le cinéma canadien n’a de cesse de nous étonner par sa vitalité et sa part innovante de création qui font de petites histoires simples de grands films.