L’été de mes 22 ans

Venu du Québec, un petit film pop, non pas aux couleurs acidulées puisqu’il est tourné en noir et blanc, qui distille une atmosphère douce et cotonneuse tout au long de l’été de Nicole, 22 ans, qu’elle pense passer seule dans la maison de ses parents partis en vacances, hormis la compagnie de sa meilleure amie Véronique. Le retour inattendu et importun de son frère aîné suivi des deux potes avec lesquels il tente de monter un groupe de musique sème la pagaille dans le quotidien ennuyeux des deux jeunes filles. Il y a beaucoup d’ambiguïté à propos de l’âge : même si elles ont passé la vingtaine, Simone et Véronique ressemblent encore à des adolescentes en quête de leurs émois amoureux, tout en tenant par instants des propos de ‘vieilles’. Un jeune garçon, Martin au physique fluet, mais à la voix grave et virile qui a récemment mué, participe aussi de ce trouble et se révèle, par la même occasion, un efficace ressort comique. Dans ce quartier résidentiel plutôt favorisé, obsédé par la propreté (on voit une femme ramasser à l’aspirateur les crottes de son chien, un homme épousseter les abat-jours de son lustre), Nicole semble flotter ou être en apesanteur, comme lorsqu’elle s’enfonce dans son matelas.

L’ensemble est parfois décousu, tient de l’assemblage de saynètes hétéroclites, mais ne manque pas de charme. L’apparente futilité cache au fond une mélancolie qui pointe avec les premières désillusions (l’ancien petit ami qui se marie bientôt avec la ‘cruche’ du coin, la perte du job, la défection de Véronique dans ce projet largement fantasmé de départ pour l’Islande). Bien sûr, l’accent chantant et les expressions imagées contribuent au plaisir d’un film ouaté et somnambulique dans lequel il fait bon plonger et se vautrer.