L'argument de cette pièce de théatre de Sacha Guitry, constituée de trois actes dans le décor unique d'un salon bourgeois, c'est pour le baron joué par l'auteur de connaitre qui mettrait bien la main sur sa fortune s'il venait à décéder. Le clochard Fernandel, de qui le baron fait la connaissance parce que ce Fortuné Richard (!) vient de lui sauver la vie lors d'une sortie en ville? La belle infirmière yougoslave (Lana Marconi) qui soigne son entorse? La comtesse du dessus qui voudrait se faire épouser? Et c'est sans compter sur le personnel de maison qui espère ne pas être oublié sur le testament.
Paradoxalement, ce n'est pas l'arrivée en scène de Fernandel et son face à face attendu avec Guitry qui prodiguent les scènes les plus amusantes. On ne s'en étonnera pas dans la mesure où le sujet de la pièce n'est pas très drôle en définitive. Au contraire ce sont les séquences du premier acte qui sont les plus amusantes parce qu'elles nous donnent le meilleur de Guitry, lorsque celui jongle avec le combiné téléphonique, expliquant longuement à la comtesse les raisons qu'il a de ne pas avoir envie de la voir tout en ordonnant, admonestant et causant avec ses domestiques. Cette cacophonie, d'autant que le baron est dur d'oreille, est orchestrée avec brio et avec les mots d'esprit dont Guitry a le secret.