En soi, pouvoir voir une production originaire du Soudan a déjà quelque chose de miraculeux (ce n'est que la huitième de l'histoire du pays). Et pourrait donc susciter une certaine indulgence pour ses qualités, vu l'extrême rareté du cinéma africain sur nos écrans. Mais avec Tu mourras à 20 ans, point besoin de tergiverser, le film est un petit bijou qui allie sa puissance narrative à une esthétique particulièrement raffinée. Ce premier long-métrage d'Amjar Abu Alala a obtenu le Lion du Futur au Festival de Venise, récompense hautement méritée eu égard notamment à sa photo et à sa musique remarquables. Le film traite de la fatalité, du poids des traditions, des croyances et des superstitions à travers l'histoire de son personnage central que le destin semble avoir condamné à mourir le jour de son vingtième anniversaire. Avec quelques touches d'onirisme et de réalisme magique et de belles ellipses, Tu mourras à 20 ans évoque une société très tributaire de la religion qui s'oppose à la liberté individuelle, sans que le film ne verse dans un schématisme réducteur. On y aperçoit une scène de Gare centrale de Youssef Chahine, influence probable du réalisateur soudanais qui, de la même façon que le cinéaste égyptien a su parler de la vie quotidienne et sublimer la beauté des paysages riverains du Nil.