Desmond Doss fait partie de ces être humains un peu à part. Alors que le monde se déchirait, le jeune homme s'engage dans l'armée afin de servir en tant qu'infirmier pendant la Seconde Guerre mondiale. Objecteur de conscience, il refusera d'utiliser et même de toucher une arme. Au cours de la bataille d'Okinawa, le bougre ramène à bon port plus de septante camarades. Fait héroïque qui lui vaudra la plus haute distinction militaire: la Medal of Honor. A ce jour, ils ne sont que trois objecteurs de concience à l'avoir obtenue.
Avec un tel personnage, il n'était pas étonnant de voir Hollywood s'intéresser à cette histoire. Et il était finalement encore moins étonnant de voir Mel Gibson prendre en main un tel projet. Car le personnage de Doss regroupe finalement tous des idéaux que Gibson semble partager, en dépit des nombreuses sorties de l'acteur.
Mais revoir Gibson derrière une caméra, ça fait plaisir. On pourra reprocher évidemment à Mel de nous servir un film aux relents très religieux, où le personnage de Desmond Doss se transforme en une forme de Jésus Christ moderne. Car le bonhomme est bon pour tout, en tout. Même si on l'emmerde et qu'on lui fout une sacrée branlée, Desmond Doss ne se vengera pas ou ne rendra pas les coups. Il ne dénoncera pas non plus. Bref, c'est un personnage quasiment sacré que nous offre le cinéaste. On peut donc lui reprocher cela, ainsi qu'une forme de naïveté, notamment dans la première demi-heure du film. D'ailleurs, les avis négatifs de ce film tourne autour de cet aspect religieux et parfois lisse du personnage. C'est compréhensible.
Mais Mel Gibson fait du Mel Gibson. Quand on regarde un de ses films, on sait à quoi s'attendre. Déjà dans Apocalypto, il y avait de forts relents bibliques. Il n'y a pas de raisons que ça change avec Hacksaw Ridge. De plus, le bonhomme est en pleine guerre, à un moment justement où des sentiments de haine et de la négativité humaine sont à leur apogée. Pas surprenant, à mon sens, et même plutôt logique, que Gibson nous offre un personnage de bien lui aussi exacerbé.
J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié Andrew Garfield dans ce rôle de soldat naïf et extrêmement bon. Les seconds rôles sont pas mal avec Vince Vaughn dans un rôle d'instructeur qui nous renvoie à Full Metal Jacket.
J'ai apprécié toute la réalisation, on sent un film avec des moyens et je dois reconnaître qu'avec le Soldat Ryan et Fury, les séquences de combat dans ce Tu ne Tueras Point sont franchement incroyablement bien foutues. On ressent l'horreur et la tension à tout moment.
J'ai été donc assez content de revoir enfin Mel Gibson dans un projet digne de ce nom. Si l'acteur n'a plus droit qu'à des séries B de médiocre qualité, le réalisateur a encore énormément de choses à dire et à montrer. En espérant que sa période noire soit derrière lui. Et en espérant qu'on comprenne qu'il a déjà assez payé pour cela. Car ce serait dommage de se priver d'un cinéaste d'un tel acabit car ses films ne laissent personne indifférents, en bien comme en mal.