Pffff... Mais pfffff...
Avec un autre réalisateur aux commandes, on aurait vraiment eu un grand film. Faut dire que le sujet de "Tu ne tueras point" n'est pas banal.
Durant la seconde guerre mondiale, un jeune américain s'engage dans l'armée, sauf que sa foi chrétienne et son propre sens moral lui empêchent de tenir une arme. Il a quand même réussi à intégrer l'armée comme secouriste/infirmier et a sauvé la vie d'environ 70 soldats laissés pour morts sur un champ de bataille lors de la guerre contre le Japon.
Pas banal donc.
Autant éclaircir les choses tout de suite: Je n'ai rien contre le christianisme, ni la religion en général d'ailleurs. Ce personnage principal ne me pose donc aucun problème MAIS, là il s'agit d'un chrétien filmé par un chrétien. Eh oui, Mel Gibson n'a pas résisté à la tentation de transformer ce qui aurait pu être un grand film humaniste en un préchi-précha idéologique.
Du coup, si vous êtes réticent aux messages à la "Nous avons gagné la bataille parce que Dieu l'a voulu." et autres réjouissances chrétiennes subtilement martelées au burin dans votre crâne, y a peu de chances que vous accrochiez.
Si vous arrivez comme moi à vous détacher tant bien que mal de cet aspect, vous passez quand même un bon moment.
Pour parler plus du contenu, de la technique, tout ça, commençons par le début. Et le début est assez naze. Romance ultra-prévisible et cliché, entraînement militaire à la "Full metal jacket", on retiendra tout de même les scènes relatives à l'environnement familial du héros, et surtout le personnage du père. Joué par un Hugo Weaving impeccable, cet ex-officier de la guerre de 1914 a plus ou moins sombré dans l'alcoolisme, mais il reste assez ambivalent pour qu'on s'y attache.
En ce qui concerne le personnage principal incarné par Andrew Garfield, il est pas mal joué (même si un peu trop niais).
Dès qu'on plonge dans les scènes de bataille, on oscille entre émerveillement face à la maestria technique évidente et dégoût à la vue de la boucherie qui se présente à nous. Mel est toujours bien porté sur le gore (on ne sait d'ailleurs jamais trop s'il dénonce ou glorifie les massacres). Force est de constater que ces scènes sont très fortes et extrêmement bien réalisées, même si je ne suis pas fan du visuel baroque constamment utilisé par l'ami Gibson.
On s'attache aux personnages sans trop de problèmes, ce qui rend la fameuse scène du sauvetage d'autant plus forte, émotionnellement parlant.
Après voilà, j'ai quand même serré les poings quand le héros finit porté sur un brancard tel Jésus par ses disciples, lorsque la bataille finale se gagne comme par magie après avoir récité une prière mais bon...on change pas Mel Gibson comme ça.
C'est donc un film plutôt bon, qui plaira d'avantage à ceux qui sont réceptifs aux messages proposés par le film et à son esthétique.