Nouvelle mouture pour James Bond : «..Je m'appelle Dalton, Timothy Dalton..»



  • Réjouissez-vous, Saunders. L'opération est un succès. Et officiellement à votre crédit.

  • Croyez bien que les choses ne se passeront pas comme ça, 007. J'informerai M, que vous avez délibérément manqué votre cible. Vous aviez ordre d'abattre ce tireur du KGB.

  • Vous savez ce que j'en fais des ordres. Je ne tue que des professionnels. Cette fille ne savait même pas par quel bout on prend une arme. Vous n'avez qu'à lui dire ce que vous voulez, s'il me limoge je lui dirai merci. Qui que soit cette fille, il y a tout de même des cas dans la vie où tuer n'est pas jouer.




Smiert Spionom



Tuer n'est pas jouer en tant que quinzième opus de la saga 007 adaptée de la licence littéraire de Ian Fleming, marque la fin de l'ère Roger Moore (après sept films) et les débuts du comédien Timothy Dalton sous les traits de l'agent des services secrets britannique. C'est le cinéaste John Glen, un habitué de la franchise à qui l'on doit "Rien que pour vos yeux", "Octopussy", et "Dangereusement vôtre", qui a la lourde tâche de lancer ce nouveau James Bond. Une nouvelle incarnation davantage en phase avec la vision plus sombre de John Glen, qui depuis sa première proposition avec "Rien que pour vos yeux" essayait d'apporter un contraste plus sérieux et conséquent à la proposition plus légère de Roger Moore. Une imprégnation plus sombre et grave à laquelle répond parfaitement Timothy Dalton. Sur un scénario de Richard Maibaum et Michael G. Wilson, Tuer n'est pas jouer nous plonge dans une aventure finement exécutée où l'aspect enquête, espionnage, infiltration, tromperie, et faux prétextes, revient au cœur du récit à travers une intrigue beaucoup plus terre-à-terre et complexe qu'à l'accoutumer. Pas de complot multinational pour la suprématie du monde, ni d'organisation criminelle de l'ombre chapeautée par un seul homme, ni de méchants disproportionnés et caricaturaux, ou encore de repaire maléfique prenant place dans l'espace. Ici, il est question d'un trafic d'opium organisé par une plaque tournante comprenant un agent triple soviétique ainsi qu'un trafiquant d'armes. Un périple qui offre une concentration d'événements moins incrédules aussi bien dans la forme que le fond. On n'échappe pas pleinement à l'humour qui néanmoins se trouve être bridé et moins idiot au profit d'une petite romance.


Une histoire scindée en deux parties distinctes avec une première moitié intelligente tournée vers un cheminement d'éléments d'espionnage palpable ; pour laisser place à une seconde moitié davantage tournée vers l'action. Une action haletante qui n'en fait jamais des tonnes essayant (toutes propositions gardées) de conserver un attrait plus "réaliste". En cela, Tuer n'est pas jouer rappelle beaucoup Rien que pour vos yeux. Sur un rythme décousu mais jamais molasse ni effréné, on découvre une multitude de cascades pour certaines passionnantes. La scène d'ouverture qui nous parachute lors d'un exercice à Gibraltar d'agents 00 du MI6 offre une bonne entrée en scène. On profite d'une course-poursuite enflammée en montagne à bord de l'Aston Martin V8, qui s'achève sur une curieuse descente en luge sur un étui de violoncelle. Toute la partie située en Afghanistan offre un enchaînement de péripéties exquises entre les Moudjahidines qui prennent d'assaut la base soviétique, ou encore la partie dans l'avion où Bond se livre à un duel contre Necros (Andreas Wisniewski), suspendue dans le vide par un filet. Un grand moment que l'on doit en partie à la coordination des cascades de Rémy Julienne. Necros qui va nous offrir un duel au corps-à-corps percutant contre un agent anglais lambda. La confrontation finale entre 007 et Brad Whitaker (Joe Don Baker) ne manque pas d'énergie. À noter que le chapitre "exfiltration" depuis l'opéra de Bratislava, en Tchécoslovaquie où 007 fait passer à l'ouest le lieutenant-général Georgi Koskov (Jeroen Krabbé), depuis un pipeline transsibérien est vraiment réussi.




  • Désolé James, j'ai pour vous une grande affection, mais comme dit le dicton, « Le cœur a ses raisons… »

  • « ... que la raison n'ignore pas. » Peut-être. Vous savez ce qu'on répond dans ce genre de cas ? « Le cœur il vous dit… »



Tuer n'est pas jouer peut compter sur la bonne direction artistique de Terry Ackland-Snow pour rendre au spectacle une dimension immersive soutenue par le montage de Peter Davies et John Grover. La photographie d'Alec Mills met en valeur les décors de Peter Lamont ainsi que les costumes d'Emma Porteous pour un résultat satisfaisant. On découvre de nouveaux lieux exotiques avec une sélection moins propice à se la couler douce pour certaines destinations. La caméra de John Glen parcours intelligemment l'environnement aussi bien sur les plans enneigées que désertiques. On profite des paysages de Tanger au Maroc, Vienne en Autriche, ou encore de l'Afghanistan. La musique de John Barry fait comme à son habitude du bon travail. La chanson d'introduction "The Living Daylights", interprétée par A-ha, écrite et composée par Pal Waaktaar-Savoy me laisse dubitatif. Une partition qui a du mal à rendre la teneur du périple qui se joue, sachant que le déroulé visuel est des plus approximatifs. Étonnamment, la chanson de fin employé n'est pas "The Living Daylights", mais "If There was a Man" interprétée par The Pretenders. Un titre supérieur à celui de A-ha qui néanmoins ne brille pas pour autant pour son génie. C'est dommage, au vu de la volonté du cinéaste à rendre son contenu plus grave et sérieux, j'aurais imaginé des titres beaucoup plus sombre pour illustrer le spectacle à venir.


L'acteur Timothy Dalton fait le job en tant que nouveau porteur officiel du costume de James Bond. Un résultat satisfaisant bien qu'il m'apparaît légèrement trop sage. Moins enjoué et davantage sarcastique, sa sensibilité plus sombre cadre parfaitement avec les deux premiers opus de la saga incarnée par Sean Connery, le charisme en moins. Il est accompagné par la comédienne Maryam d'Abo qui sous les traits de Kara Milovy offre une excellente Bond girl. Un personnage féminin réellement utile à l'intrigue et qui n'est pas traité comme un vulgaire jouet sexuel. Un fait rare qui fait du bien, sachant qu'elle offre une romance intéressante. Une relation bâtie sur la manipulation et le mensonge au profit d'une crédibilité appréciable. Un bon duo. Côtés antagonistes, "Jeroen Krabbé" pour le lieutenant-général Georgi Koskov, "Joe Don Baker" pour Brad Whitaker, et "Andreas Wisniewski" pour Necros, sont plus ou moins efficaces. Un trio sympathique qui aurait gagné à être un peu plus imposant. Le casting de soutien est sympathique. On découvre le sympathique John Rhys-Davies pour le Général d'armée "Leonid Pushkin", directeur du KGB. Art Malik pour Kamran Shah est agréable. On retrouve l'amicale Walter Gotell sous les traits du Général d'armée Anatol Alexis Gogol, devenu Ministre des Affaires Étrangères d'URSS. Robert Brown pour « M » est anecdotique. Desmond Llewelyn pour « Q » est une fois encore chouette avec ses gadgets étonnants notamment le lazer intégré à l'automobile. Nouvelle incarnation satisfaisante pour Felix Leiter par un John Terry convaincant. Enfin, l'emblématique Lois Maxwell laisse sa place à la comédienne Caroline Bliss en tant que Miss Moneypenny. Une nouvelle mouture qui fait bizarre après toutes ces années avec Maxwell dans le rôle. Caroline Bliss est mignonnette mais ça va être compliqué de faire oublier Lois Maxwell. 



CONCLUSION :



Avec "Tuer n'est pas jouer", le cinéaste John Glen propose un quinzième opus significatif pour la saga 007 puisqu'il met en place un nouveau comédien dans le rôle phare de l'agent britannique. Au-revoir à Roger Moore et bienvenue à Timothy Dalton, qui pour sa première s'en sort plutôt bien. Une aventure sombre, sérieuse et terre-à-terre pour un résultat satisfaisant. Un film divertissant qui à défaut d'être parfait parvient à poser des bases solides autour du nouveau comédien en charge d'incarner James Bond.


Un épisode sous-estimé à l'image de l'opus auquel il se réfère "Rien que pour vos yeux".




  • Est-ce que nous sommes la risée des services secrets du monde entier. Notre première mission d'envergure depuis des années, et on se fait souffler le type par le KGB quelques heures après son passage à l'ouest.

  • Aucune trace ?

  • Non. Il reste encore le problème Pushkin.

  • Bon. Faut que je me sauve. Le Premier ministre veut me recevoir en fin de journée.

  • Il nous faut écraser Smiert Spionom dans l'œuf.


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le 16 déc. 2022

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