Critique du 3 janv 2010 :

Moore parti à la retraite sucrer les fraises, c'est le déjà mature Timothy Dalton qui ramène la sienne de fraise. A l'époque, je dois concéder un manque d'entrain pour le bonhomme, son air strict, engoncé. Les contrariétés auxquelles 007 est confronté se lisent un peu trop sur le shakespearien Dalton. Alors que Connery restait sobre et impassible en toute circonstance, que Moore soulevait un sourcil pour signifier sa supériorité, Dalton serre les dents et fronce les siens, de sourcils, on le voit bouillir, se contrôler avec moult difficultés. A d'autres moments, au contraire il rit à gorge déployée, un James Bond qui gagne en humanité ce qu'il perd en mythe. Le sur-homme se fait la malle. Heureusement pour rester Bond, les scénaristes lui concoctent une série d'exploits plus improbables les uns que les autres. Alors que Moore a baigné dans un environnement gadgétisé plein d'outrance et de démesure, Dalton entame la période abusive des exploits physiques et spectaculaires tout aussi incroyables (Brosnan continuera dans cette lignée sautant dans le vide pour rejoindre un avion qui se crashe et finalement le redresser). Ici, Dalton saute d'un avion en jeep sans problème, à peine sa mise en pli est-elle un peu dérangée mais une main savamment passée en coup de pogne et l'escogriffe roule vers de nouvelles aventures! Il fait de la luge en violoncelle et j'en passe des tout aussi croquignolesques.

Ce qui m'a bien plu dans ce Bond, c'est le retour aux fondamentaux de la guerre froide dans la première partie. Alors que la dernière, qui voit Bond devenir une sorte de super moudjahidin, libérateur afghan est tout aussi heureuse que le troisième volet de Rambo. Elle véhicule pas mal de clichés qui à l'aune de l'histoire récente paraissent très grossièrement tirés.

Maryam d'Abo, jolie mais très bonne comédienne, parait un peu lisse et conne, n'ayons pas peur des mots. Dommage, les rôles secondaires sont intéressants. Jeroen Krabbé traine efficacement sa bouille complexe (entre ridicule et fourberie) de faux-cul. Andreas Wisniewski joue les méchants soviets avec pour armes sa blondeur gominée, son froid regard azur et sa haute stature, coupé à la serpe. John Rhys-Davies, futur nain de l'anneau est beaucoup volubile, jouant plutôt sur sa taille pour imposer un personnage froid, astucieux et professionnel. Joe Don Baker, en général fantoche, volontiers puéril, assure une performance honorable. Avec Dalton apparaissent de nouveaux comédiens pour des personnages récurrents : Caroline Bliss sera en tout et pour tout deux Moneypenny à laquelle une paire de lunettes donne plus qu'un air de jeunesse, alors que John Terry ne jouera Felix Leiter qu'ici mais se fera une tête connue dans Lost et 24h.

La première tentative de Bond Daltonien me convint beaucoup plus aujourd'hui. Un juste milieu qui sent l'ordinaire, petit gâteau sucré.

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Critique du 08 sept 2013:


Je me disais que sur un après-midi d'été vieillissant, avec encore quelques jours de repos avant la reprise devant moi, détendu du gland comme dirait Blier, qu'avec le format blu ray tout beau tout pimpant, ce James Bond allait prendre une allure encore plus ample. Il n'en fut rien. Au contraire. Auparavant, je le trouvais plutôt bon, mais aujourd'hui je le trouve franchement mauvais. J'ai eu même quelques peines à ne pas me décrocher la mâchoire à force de bailler. Je ne l'ai jamais ressenti aussi douloureusement médiocre.

Pourtant, malgré des contrastes parfois merdiques, le blu ray fait son boulot : un peu sur les détails qui vous donnent le sentiment de voir le film pour la première fois, surtout sur les couleurs qui éclatent, exubérantes de vivacité. Mais cela n'aboutit à aucune plus-value intéressante car le film reste crotté de quelques boulets bien lourdingues.

D'abord, premier gros écueil : Timothy Dalton. Erreur de casting regrettable que pas mal de grimaces n'arrivent pas à rendre drôle et que ses regards sévères ne parviennent pas à rendre ni ténébreux ni imposant. Même pas beau, on a sans doute pensé que ses yeux bleus et son accent british suffiraient à en faire un Bond acceptable. Il est tout juste crédible. Seul petit point fort pour le comédien (qui peut-être me sauvera la prochaine revoyure de "Permis de tuer") son aptitude à exprimer la colère contenue. On sent bien que le bonhomme en retient sous le capot.

Dans le genre "charisme aux abonnés absents" la frêle Maryam d'Abo se pose là. Il y a de l'Audrey Heburn du pauvre chez elle, une Audrey Hepburn fausse blonde, affublée d'un décapsuleur en fait de dentition, à qui un mauvais ange aurait ôté tout gramme de charme. Elle peine à exister. La médiocrité va se nicher même chez les "méchants", sans le moindre relief, jamais inquiétants, tout au plus ridicules.

Avec un scénario d'une tristesse banale, le spectateur a bien du mal à trouver quelques instants de plaisir. Deux ou trois scènes piquantes sont à retenir : une course poursuite dans la neige, quelques gadgets, une baston aérienne au cul d'un avion et peut-être aussi l'attaque d'un manoir de l'IS par un laitier explosif.

Sinon, on s'ennuie devant les clichés afghans, les ritournelles de guerre froide déjà vieillissante, etc. Ça fait un peu court pour retenir l'attention. Je crois bien avoir vu aujourd'hui le pire James Bond. Même sur les Roger Moore nanaroïdes un certain kitsch venait donner un petit goût de sel bienvenu. Ici, que dalle à se mettre sous la dent. Nom d'une pipe, qu'est-ce qui s'est passé en trois ans pour avoir changé de ressenti aussi profondément?
Alligator
4
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le 30 mars 2013

Modifiée

le 8 sept. 2013

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Alligator

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