Le plan d'ouverture, superbe, donne le ton. Tuer un homme ne sera pas un film lambda sur la vengeance, mais un drame aux allures de conte, une méditation presque onirique sur l'acte de tuer.
La première partie pose le cadre d'une tragédie du quotidien, une famille harcelée par une bande au chef imposant, sorte de géant bas du front et tenace. Jorge, sa femme, leur fils et leur fille subissent, s'adressent à la police, à la justice, agissent selon les règles pour que le calvaire cesse. Puis Jorge change de méthode et habite une seconde partie qui brouille les repères.
Tourné en partie de nuit, l'image orangée se teintant de jaunes et de rouges, porté par la musique puissante de Pablo Vergara, très peu dialogué, Tuer un homme s'écarte d'un traitement réaliste pour glisser vers une représentation parabolique, la question centrale, "tuer un homme" couplée avec une gestion du temps (temps réel, ellipses) subtile et contrastée.
Évitant discours moraux et pensée binaire, Alejandro Fernández Almendras accompagne le cheminement d'un homme seul et silencieux, encombré au propre comme au figuré par un acte aux lourdes conséquences.
Ambitieux et prenant, Tuer un homme interroge la nature humaine et son rapport au monde dans un voyage cinématographique riche et singulier.