Un homme seul est poursuivi par la police et la mafia. Ca vous dit quelque chose? C'est un thème battu et rebattu. Don Siegel lui-même l'a déjà traité dans "Un sheriff à New-York".
Ici, c'est un "gangster artisanal" qui se qualifie lui-même de "dernier des indépendants", un honnête voyou en quelque sorte qui rejette la société trop déshumanisée et hypocrite. On reconnait l'alter ego de Don Siegel.
Le film est à la fois très épuré et foisonnant d'une mosaïque de petites scènes émouvantes, drôles, cyniques ou féroces traitées avec une sobriété sèche. Ces scènes, souvent en marge du fil de l'intrigue, découpent des personnages savoureux et typés en quelques mots et images et les insèrent dans une société froide et impersonnelle: les adieux à l'épouse, chacune des confrontations du tueur psychopathe avec d'autres personnages, les apparitions intempestives de la voisine pipelette et nymphomane, le trésorier de la mafia qui tente de convaincre le banquier de fuir, etc...
Si Walter Matthau roublard, calculateur et sentimental dans un personnage complexe, nous apparait sympathique, Jo Don Baker réussit une composition terrifiante de tueur sadique qui préfigure le personnage de Javier Bardem dans "No country for old man". Cormack McCarthy, l'auteur s'est probablement inspiré de ce film pour créer son personnage d'Anton Chighur.
Seul bémol, Don Siegel n'exploite pas ses images autant qu'il le pourrait et préfère les répliques explicatives.