Deux années après Dirty Harry et Les Proies, Don Siegel délaisse Clint Eastwood et met en scène Tuez Charley Varrick, où il va s'intéresser à un cambriolage accidentel de l'argent d'une mafia.
Siegel propose une oeuvre efficace et tendue de bout en bout, il sait faire simple et sans fioriture lorsqu'il le faut, pour mieux nous faire ressentir l'urgence de la situation. C'est là que Tuez Charley Varrick est une franche réussite, on commence par un casse et tout le long c'est une fuite des malfrats et une recherche de ceux-ci par la mafia. Il bénéficie d'un scénario assez bien ficelé (tout comme les excellents dialogues), notamment lorsqu'il évoque l'organisation du crime organisé et il sait en tirer toute la tension adéquate.
Finalement, il axe surtout son récit sur Walter Matthau (parfait, comme souvent et à l'image de l'ensemble du casting), la façon dont celui-ci va découvrir à qui appartient l'argent volé, et la façon dont il va tenter de s'en sortir, malgré les flics et la pègre qui lui courent après. Personnage crédible, il arrive même à le rendre attachant et ses péripéties fort passionnantes, alors qu'il décrit plutôt bien ceux l'entourant, qu'importe leur camp, sans jamais trop en faire, il reste tout le long efficace et trouve toujours le bon équilibre.
Techniquement parlant, il démontre à nouveau tout un véritable savoir-faire, trouvant toujours le bon plan, le bon angle et proposant un parfait montage. Il parvient à nous dépayser, en se montrant sobre et sans prétention et plusieurs séquences en deviennent mémorables, à l'image de l'introduction et du final. On notera aussi un Siegel qui n'épargne pas la société américaine, celle-ci tombant dans la violence, la prostitution, le crime ou encore la lâcheté et divers vices.
S'appuyant sur un parfait et flegmatique Walter Matthau, Don Siegel propose avec Tuez Charley Varrick une oeuvre tendue, à la fois simple et efficace, qui nous emmène sur les routes du Nouveau-Mexique, là où la société américaine tombe dans tous les vices.