J’ai toujours été impressionnée par l’habileté de Charlize Theron à devenir le personnage qu’elle incarne… Tel un caméléon, elle n’hésitera pas à prendre une vingtaine de kilos pour se transformer en tueuse en série, à se raser la tête pour ressembler à un vrai soldat, ou encore à se suivre des séances de sport extrême pour se métamorphoser en tueuse à gage… Et pour le petit bijou de Jason Reitman, l’actrice sud africaine ne déroge une nouvelle fois pas à la règle…
Dans Tully, Charlize Theron prête ses traits à Marlo, mère quarantenaire de deux enfants venant tout juste de donner naissance à une petite Mia. Elle devrait être heureuse, et puis s’occuper de trois enfants devrait être facile … C’est du moins ce que semblent suggérer son frère et son épouse, eux-mêmes parents de trois et dont la vie ressemble aux tableaux de rêve de Pinterest… Mais pour Marlo, son quotidien s’apparente davantage à un enfer… Un enfer dans lequel elle concilie tant bien que mal l’arrivée de son nouveau bébé avec l’éducation ses deux autres enfants- le cadet, atteint d’une forme de syndrome d’Asperger exigeant une attention particulière. Dépressive et continuellement exténuée, elle n’est désormais plus que l’ombre d’elle même. Drew, son mari, bien que très gentil, ne se trouvant pas non plus d’un grand soutien, préférant tous les soirs se réfugier devant écran et console. Epuisée et au bout du rouleau, la plus toute jeune maman finit par accepter le cadeau de son frère, une nounou de nuit … Cette dernière s’appellera Tully interprétée par une fraîche et pétillante Mackenzie Davis, qui à l’image d’une Mary Poppins des temps modernes, viendra bouleverser l’existence même de Marlo, lui redonnant même à nouveau goût à la vie …
J’ai trouvé Tully tendrement attachant et diablement touchant. Jason Reitman, dépeignant ici, sans filtre ni maquillage un portrait terriblement humain d’une mère, dépassée, au bord du burn out, devant quotidiennement affronter une pression sociale imposant à toute femme d’être à la fois mère parfaite et épouse modèle, supportant seule les conséquences d’une dépression post partum, et devant gérer des enfants dont l’éducation n’est pas toujours facile… Des difficultés que je pense toute mère, nos superwomen du quotidien, a déjà vécu au moins une fois… mais pourtant trop peu montrées à l’écran.
Charlize Theron, était tout simplement bluffante dans ce rôle et prouve une nouvelle fois toute l’étendue de son talent. L’investissement qu’elle a donné pour ce rôle était indéniable et crevait l’écran. . De même pour Mackenzie Davis, qu’on ne pouvait qu’adorer. On souhaitait la voir réussir dans sa mission, et parvenir à faire sortir Marlo de sa tristesse et son désespoir. Les dialogues souvent aigres et acerbes entre les deux actrices brillaient quant à eux par leur franchise et leur réalisme. Ici encore zéro filtre, que du vrai…
Si les dernières minutes du film ont pu en surprendre plus d’un, je dois avouer que m’attendais à ce fameux « twist » final, déjà utilisé dans d’autres oeuvres … Et il faut dire que les indices clairsemés par le réalisateur ne laissaient suggérer que cette fin possible … Soit… Cela ne m’a pas pourtant pas empêché d’avoir eu un véritable coup de coeur pour Tully, et éprouvé une réelle empathie pour Marlo…
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