Difficile de se montrer aussi admiratif qu'une grande partie de la critique avec Tulpan. Outre l'ennui qu'il provoque aussi tenace que la steppe immuable formant le décor unique du film, le scénario aussi bancal que le petit agneau nouveau-né et l'absence d'orientation esthétique, politique ou psychologique, la pseudo immersion ethnologique / étude sur le terrain à la Malinowski manque d'une cruelle profondeur, n'affronte pas les questions essentielles, et s'oriente principalement sur l'histoire d'amour impossible – pauvre et unique enjeu du film.
Il y a toutefois quelques scènes bien trouvées, comme celle, comique, dans le tracteur où l'on entend une musique spatialement décalée (mais l'humour ne marche qu'à la première, le sketch devenant par la suite redondant); ou celles, émouvantes, de l'agneau mort-né et, plus tard, de l'agneau né en vie; un brin de poésie (mais parler pour autant de film poétique est complètement faux). Par ailleurs, la vie de ces nomades kazhakes (bien qu'on ne les voie jamais voyager) et leur quotidien dans ces yourtes, leur solitude, peut exercer un certain intérêt grâce à son côté “ailleurs”. Néanmoins, cela ne dure que très peu et se révèle à nos yeux clairement insuffisant pour soutenir le film.
Voyons maintenant ce que Dvortsevoy nous réserve pour sa première sélection officielle à Cannes, lui qui s'est vu généreusement décerné pour ce Tulpan le prix “un certain regard”. Il lui faudra sans aucun doute rehausser nettement le niveau pour ne pas y faire pâle figure.