Des choses gentilles à dire sur ce film :

Quel gros gros gros plaisir. Turbo Kid, c’est enthousiaste, c’est bourré d’idées et c’est, l’air de rien, aussi très travaillé. La base est celle d’un post-apo classique. Qui dit post-apo, dit, en effet, aridité, toxicité et zones interdites ; pénuries, troc et méfiance ; cacique local ‒ et son armée de punks hirsutes ‒ qui organise des combats à mort dans une piscine désaffectée... et c’est à peu près tout ce qui sera familier.

Les buggy, on oublie ; ici les survivants sillonnent leur environnement en BMX. Et ça c’est une super idée. D’une part, parce c’est finalement pas si déconnant, dans un monde ravagé depuis un petit moment, l’essence, on peut difficilement compter dessus, et d’autre part, parce que ça contribue aussi à donner au film une belle identité. Moins surréaliste, moins absurde qu’on pourrait s’y attendre, l’élément reste marquant tout en apportant un degré de tension supplémentaire : voir Skeletron, l’un des principaux antagonistes, pédaler comme un dératé, loin de le rendre ridicule, renforce la menace que représente le personnage.

Le BMX, par ailleurs, va finir d’ancrer le film dans un délire années 80-90 plutôt fun tout en esthétique chrome/laser et en musique synthé (excellente au demeurant)... Et sans les jeux de références faciles des productions racoleuses nostalgiques. L’hommage est plutôt sincère et découle d’une vraie logique de narration : après tout, l’histoire se passe en 1997. Il n’est pas étonnant dès lors de croiser des personnages portant des vêtements aux couleurs vives ou un ado fan d’un feuilleton/comics book dont le héros est un justicier armé d’un laser et équipé d’un super véhicule. Une manière d’enfoncer le clou sur ce nouveau monde et son rapport à l’âge qui l’a précédé : les années 80-90 sont encore proches et pourtant terriblement lointaines, et ses objets en plastique ainsi que la sur-consommation qu’ils représentent ‒ qui, en extrapolant un peu, a très bien pu sonner sa perte ‒ deviennent des reliques presque sacrées.

C’est décalé mais cohérent et travaillé. Les personnages sont d’ailleurs suffisamment bien écrits et peaufinés pour ne pas laisser insensible. Que ce soient les bons : le Kid (Munro Chambers) et son côté naïf, qui lit à voix haute ses Turbo Rider, cherche à marcher dans les pas de Frederic (Aaron Jeffery) et Apple (Laurence Leboeuf) et son enthousiasme communicatif constitue un duo particulièrement touchant... ou les mauvais, Zeus (l’écrasant Michael Ironside) et son bras droit survolté du nom de Skeletron (Edwin Wright) au masque et à la dégaine stylés.

Petit plaisir supplémentaire, Turbo Kid fait aussi la part belle aux explosions gores. Du gore qui tache autant qu’il peut tirer des sourires. C’est dingue, c’est énervé, et pourtant, de la même manière que l’introduction des BMX ne fragilise en rien cet univers post-apo, cette facette grand-guignolesque, pour jouissive qu’elle soit, met en valeur la poésie du dérisoire qui se faufile dans le film via les personnages de Kid et Apple.

Un film riche en somme.


Jouez au bingo des clichés avec ce film, qui totalise 34 ingrédients

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Personnage > Agissement

Rappelle à ses troupes qui commande, nom de nom - À voix haute | Lit ou fait la lecture - Applaudissement ironique - Bagarre | Atteint, blesse ou tue un·e allié·e lorsque l’adversaire esquive

Personnage > Caractéristique

Hanté·e par des souvenirs traumatisants

Personnage > Citation

Rassure | « Tu as fait ce qu’il fallait »

Personnage > Héros ou héroïne

Tension | Donne une leçon de courage face à son bourreau

Personnage > Méchant·e

Profil | Homme de main sadique et/ou surexcité

Personnage secondaire

Foule en délire | Concert/manifestation sportive - Punks post-apo et émeutiers de villes futuristes aux goûts vestimentaires douteux

Réalisation

Fin | Véhicule ou personnages qui s’éloignent - Habillage | Titre qui apparaît en gros à l’écran, accompagné d’un effet sonore - Ouverture ou fin | Voix off d’introduction ou de conclusion

Réalisation > Accessoire et compagnie

Tension | Compte à rebours - Tension | Système de sécurité / d’alarme artisanal

Réalisation > Audio

Bruit exagéré | Les épées/cannes/flèches/lances font woosh/cling - Effet | Son de disque rayé (musique qui ralentit jusqu’à disparaître) (à reformuler)

Scénario > Blague, gag et quiproquo

Coup dans les couilles (gag) - Vomi (gag)

Scénario > Contexte spatio-temporel

Bivouac

Scénario > Dialogue

Atteinte à la virilité | Taulards, soldats ou flics appelés mesdemoiselles

Scénario > Élément

Référence à un holocauste nucléaire - Référence grossière à la culture populaire - Titre du film énoncé dans le film

Scénario > Ficelle scénaristique

Balle arrêtée par un objet porté dans une poche - Cauchemar | Se réveille en hurlant/en sueur/en sursaut - Coursé·e par des petites frappes, se réfugie dans un local abandonné où il/elle fait une découverte qui va changer sa vie - Entre le héros/héroïne et le méchant/méchante, c’est une affaire personnelle - Trahi·e par : un éternuement, une sonnerie de téléphone, un objet qui tombe, etc.

Scénario > Situation

Bagarre | Combat féroce dans une arène - Situation | Moment « Woo-hoo ! » - Tension | Torture

Thème > GI Joe

Agissement | Rire de commando/de bande de voyous etc.

Thème > Testostérone

Fallait pas la/le faire chier

---

Barème de notation :

  • 1. À gerber
  • 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
  • 3. On s'est fait grave chier
  • 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
  • 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
  • 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
  • 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
  • 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
  • 9. Gros gros plaisir de ciné
  • 10. Je ne m'en lasserais jamais

Créée

le 18 août 2023

Critique lue 21 fois

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