Le moment tant attendu arrive enfin ; bien installé dans mon siège, Turbo Kid commence. Dés les premières images, c’est le coup de foudre. Il y a quelque chose qui se déclenche. Je me sens soudain envahi par le frisson nostalgique d’une époque que je n’ai pas connu. Je suis transporté 20 ans en arrière, à l’ère de l’analogique, de la NES, de Karaté Kid et Michael Ironside en méchant. Le film se voit comme un véritable hommage (certes un peu parodique) à cette époque bénie où la technologie pouvait être salvatrice et où des films comme BMX Bandits sortaient en salles. Passé cette effet de mode qui sévit depuis quelques années d’un retour au passé, il se dégage du long-métrage une véritable sincérité remplie de fraîcheur et de bonnes intentions. Malgré le petit budget du film, les décors, les costumes et la photographie sont magnifiques. Ils nous plongent dans un temps entre-deux, ni dans le passé, ni dans le futur, mais dans une espèce de monde post-apocalyptique parallèle dévasté dans lequel on ne se déplace pas en bagnole augmenté, mais en BMX tuné, avec un casque, des coudières et des genouillères (sécurité avant tout). Face au gigantesque Michael Ironside, les deux jeunes acteurs Munro Chambers dans le rôle du Kid et Laurence Leboeuf dans celui d’Apple sont merveilleux, surtout cette dernière qui interprète un personnage atteint d’une douce folie mélancolique, drôle mais profondément tragique dans son essence. Les mélodies synthétiques qui nous accompagnent pendant le long-métrage, en plus de renforcer ce dépaysement total, sont de véritables pépites électroniques et restent dans la tête encore longtemps après le visionnage. Coup de cœur, et pas loin d’être le film de l’année, Turbo Kid est alors un vrai bijou nostalgique, drôle et gore mais jamais complaisant, dont il se dégage une sincérité rafraîchissante, ce qui nous change des ratages comme le court-métrage Kung Fury. Il n’a pas de distributeur en France, donc il n’est pas près de sortir dans nos salles. En attendant, vous pouvez toujours vous faire T is for Turbo, le court-métrage qui a inspiré le long.
Tiré du journal de l'Étrange Festival 2015 de Paris : lire l'article entier sur mon blog...