Cela arrive malheureusement très souvent, les gens ont tendance à se mélanger les jambons en faisant des comparaisons absurdes. C’est un peu ce qui a été le cas avec Kung Fury et ce Turbo Kid, alors que l’approche des deux, bien qu’elle tourne autour de la nostalgie des eighties, n’a ABSOLUMENT RIEN À VOIR. D’un côté Kung Fury se voulait être un hommage à ces années tout en les faisant voyager jusque dans le 21ème siècle, à grand renfort d’effets-spéciaux over-the-top pour du crowdfunding. Dans une optique totalement différente, Turbo Kid aspire à être un film qui aurait pu être tourné durant ces années, avec les contraintes que cela implique. Il faut donc de préférence avoir un minimum de connaissances quant au background temporel, permettant de mieux apprécier les tares inhérentes. On pensera par exemple aux décors qui pouvaient se compter sur les doigts d’une main, dénués de plans larges, donnant l’impression que le tout se passe sur une surface aussi grande qu’un stade (absence totale de concepts de spatialisation), de même que l’histoire tenant dans un mouchoir de poche et dont la linéarité rivaliserait avec un tir de rail-gun. Difficile de faire un film façon années 80 qui puisse trainer ce lourd bagage, de nos jours handicapant, tout en se montrant à la fois attachant, et pourtant il y arrive haut la main, grâce à une multitude de détails venant occulter le « négatif », tout dépendant de quel façon l’on interprétera ce dernier. On commencera par le gore, purement grand-guignolesque façon Brain Dead et se renouvelant fréquemment, de même que des personnages tous charismatiques, notamment le tueur d’élite masqué qui fait froid dans le dos (une sorte de Boba Fett), mais celui qui crève totalement l’écran est celui de Apple, l’amie du Turbo Kid, interprétée par Laurence Leboeuf. Asperger ou idiosyncratique, on ne sait guère ce qu’elle a (du moins pas tout de suite), mais sa candeur et sa joie débordante lui permette de voler la star et s’imposer comme l’un des individus les plus délirants de ces dernières années, au point qu’elle croule actuellement sous les récompenses pour son interprétation.
Seuls petits bémols, la narration cafouille par moment dans sa rythmique et créant quelques longueurs, de même que l’on aurait apprécié un peu plus de eye-candy. Lorsque le Turbo Kid active pour la première fois son arme nous avons le droit à une magnifique pose Sentaï et un joli effet de lumière d’époque, hélas ce plan est si jouissif que l’on regrette de ne pas en voir davantage, peut-être cela sera-t’il corrigé dans une suite ?
Turbo Kid s’inscrit directement parmi les meilleurs films à tendance nostalgique. Humour, gore old-school, absurdité technologique inhérente à cette époque, mièvrerie savamment dosée, on y retrouve tous les ingrédients qui ont fait de Cyborg ou Miami Connection des classiques absolus des années 80. À se procurer d’urgence pour le faire trôner à côté de Bad Milo!.
Critique