Tusk
4.4
Tusk

Film de Alejandro Jodorowsky (1980)

Film découvert lors de la XXXième édition de l'Étrange Festival le 13 septembre 2024 dans sa version restaurée par le réalisateur, d'une durée de 68 minutes.


Oeuvre maudite, pratiquement invisible depuis plus qu'une quarantaine d'années le Tusk de Alejandro Jodorowsky porte le sobriquet cocasse de "fable panique" ; conte pour enfants narrant la relation d'amour et d'amitié entre une adolescente fille de colon et un jeune éléphant esclave ledit métrage fut ainsi littéralement renié par son réalisateur lors de sa sortie en salles au tout début des années 80, Jodo considérant que son producteur de l'époque avait contribué à la fabrication d'un "film artistique réalisé par un commerçant". Suite à cette incursion à priori volontaire dans un Cinéma dit commercial doublée d'un accueil critique et public absolument affligeant Jodorowsky dit ne s'être jamais complètement remis de cet échec artistique, décidant finalement de remonter entièrement le film originel de 1980 d'une durée de 120 minutes en une copie inédite s'étalant sur un peu plus d'une heure de métrage, version désirée par le cinéaste d'origine chilienne qui fut projetée à Paris tout récemment lors de la XXXième édition de l'Étrange Festival.


Si l'on passe outre une banale histoire d'amour entre une fillette et un éléphant sur fond de colonisation britannique en terre indienne Tusk est - dans son aspect purement cinématographique - un film digne d'intérêts et de qualités. Superbement photographié et restauré par son auteur-réalisateur, serti de couleurs et de visions spectaculaires pour le moins délicieuses Tusk semble être la potentielle version filmique d'un comic-book halluciné foisonnant de détails et de trognes savoureuses ; en appréhendant ses plans comme autant de vignettes pittoresques et drolatiques Jodorowsky signe une véritable bande-dessinée animée, pas tellement éloignée des fantasmes délirants et baroques des précédents El topo et La Montagne Sacrée.


Alejandro Jodorowsky persiste et signe dans la naïveté de sa fable originelle, lui conférant néanmoins une bonne dose de mauvais goût bienvenu au regard de la bêtise généralisée entièrement représentée par les colons et notables britanniques tenant lieu de curieux antagonistes. Par-delà la manichéisme un rien béat dudit film Jodo livre ici (du moins avec ce nouveau montage encore inédit) une œuvre plastique tout à fait superbe et pleine de couleurs saturées, bigarrées, hautement mise en valeur par un découpage effectué aux petits oignons par ses soins. En résulte un film revenant de très loin profitant d'une nouvelle jeunesse, prouvant de manière inattendue que "produire du neuf avec du vieux" permet parfois d'accoucher de petits bijoux de style et de cinématographie. Un film aussi unique en son genre que désespérément rare et introuvable.

stebbins
8
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