Un vieux bâtiment. A l'intérieur, une piscine publique en décrépitude. Y vivent un père de famille aveugle, sa femme et leur fils. Chaque jour, grâce à de vieilles bandes son, on y entretient l'illusion d'un lieu toujours fréquenté, ce que le papa continue à croire dur comme fer à cause de sa cécité. Tout autour de ce microcosme loufoque, une Bulgarie fantasmatique dont ont dû rêver Lewis Caroll et Neil Gaiman.
Un peu plus loin, une menace de destruction qui s'approche à grands pas. Les autorités ne veulent rien entendre. Le bâtiment doit disparaître. Que faire ? Pas grand chose, juste maintenir l'illusion, celle que tout n'a pas encore foutu le camp. Ce que s'ingénie à faire le fils de famille (Denis Lavant, fou, grandiose, génial). Avec l'énergie de la jeunesse pour meilleure alliée de l'insubordination, il va tâcher de s'ouvrir les portes d'un ailleurs en tentant d'oublier que personne, chez lui, n'a jamais osé sortir de cette demeure ouverte aux quatre vents.
Tuvalu, c'est un morceau de liberté, un geste créatif né par et pour l'amour du cinéma. Un truc indescriptible, quasiment muet, fait de bric et de broc parfois, où un changement de filtre peut être aussi signifiant qu'un raccord en soi. Un voyage splendide souvent, burlesque à ses heures et certainement unique. Le voir fait un bien fou. Le faire découvrir doit en faire encore plus.
Tuvalu, c'est le genre d'objet méconnu et introuvable qui, on le devine en le regardant, partage son sort avec L'Oeuf de l'ange de Mamoru Oshii : une curiosité ignorée qui ne meurt pas de solitude grâce à une poignée de cinéphiles qui se le transmettent de temps à autre. Ces quelques lignes sont bien peu de choses pour lui rendre justice.
Les fans de Holy Motors, d'univers hors du temps, du 7ème Art en général et autres amoureux de l'imaginaire devraient facilement y trouver leur compte.