Ce sera tout... Pour le moment...
Hideo Nakata, qui connu son heure de gloire avec Ring, n'aura, tout comme Daniel Myrick, autre icône de l'épouvante pré-troisième millénaire, pas su se renouveler au cours des années. Une suite paresseuse à sa franchise, puis la direction de son remake US, assez mauvais, bref pas grand-chose durant cette dernière décennie, si ce n'est le correct Dark Water. Comme beaucoup de réalisateurs importants au Japon, une adaptation live d'un manga à succès lui aura été confiée, à savoir L: Change the World, un spin-off de Death Note, mais comme beaucoup de produits du genre le tout était ce que l'on appelle de la pop-daube japonaise, avec ses mauvais acteurs et son scénario quasi inexistant.
Le revoilà donc à ses sources, le thriller, et quitte à user une nouvelle fois de la vidéo comme arme de crime, autant s'inspirer des reality shows, puisque c'est la mode. Un huis clos avec dix personnes participant à un jeu dont les règles ne leur sont données qu'après acceptation, voilà la base. Puis les choses se compliquent, un des membres meurt, les joueurs découvrent qu'ils ont tous une arme dans leur chambre, et qu'au final le jeu tournera autour de la paranoïa ainsi qu'une enquête afin de découvrir qui est le meurtrier. Le concept s'avère intéressant, mais la réalisation se montre terriblement plate, sans compter un gore totalement absent, ce qui n'aurait pas été grave si nous n'avions pas eu l'impression d'assister à une bête partie de Cluedo. Comme une libération pour le spectateur, l'un des participants citera même Agatha Christie, alléluia ! Oui, nous sommes dans un roman d'Agatha Christie, sans le ronchon Hercules Poirot ni le suspens, et tout ce qu'il nous reste c'est une pléiade d'acteurs totalement démotivés, récitant leur texte ou au contraire cabotinant.
Bref, TV Show est une pellicule qui aurait pu être correcte, mais qui pêche aussi bien dans son fond que dans sa forme. Aucune critique envers les reality shows ni envers la nature humaine, puis un scénario sans rebondissements et des acteurs aussi plats que ce dernier. Le comble vient sans conteste des twists qui sont amenés de façon encore plus débile que dans Saw, ne suscitant aucune réaction du spectateur qui finalement n'attendra qu'une chose, que ça saigne façon Cube ou le film qui fait faire des blagues sur les saucisses, point sur lequel il ne sera pas satisfait, la production venant se placer parmi les pop-daubes japonaises pour ados, exemptes de tripailles et réflexion.
Pour conclure, à moins d'aimer les thrillers gentillets sans surprises et tout public, cette nouvelle oeuvre de Nakata ne viendra pas combler vos envies de triture méninges. Les amateurs de l'éphémère maître resteront une nouvelle fois sur leur faim, et cette pellicule ne viendra qu'amèrement leur rappeler cette belle année 98 où son nom était sur toutes les lèvres.
Mention spéciale pour la bande-originale, signée Kenji Kawai, prouvant une nouvelle fois son talent, mais aussi doué soit-il sa composition ne vient que difficilement rehausser le niveau d'une bobine pauvre qui semble avoir été tournée à la va-vite.