Petit souvenir à l'époque de quelque chose d'un peu mégalo, bourré d'inserts gratuits d'un étalement de savoir faire, terriblement ingénieux mais suspendu à pas grand chose.
Jamais revu depuis.
J'ai envie de me remettre dans l'ambiance avant la découverte de la saison 3, enfin, donc c'est parti.
La première demie-heure freine mon enthousiasme directe, sous-Twin Peaks des familles, j'ai de nouveau ce sentiment d'inserts, qu'est-c'que vient foutre Bowie dans les parages ? Non c'est bon ça ira !
(J'ai lu et compris les tenants de ces 30 minutes par la suite, mais j'y suis pas réceptif quand même).
Ensuite on revient là ou on avait envie d'être, la petite émotion à l'écoute des premières notes de Badalamenti, yes, Laura Palmer qui marche, on est de retour... puis non, c'est pas la même actrice qui joue la copine, c'est terne, y a rien de bon à manger ou à boire, la ville parait morte, ça traine un peu, on revient voir Coop dont on ne comprends pas la présence, arf, tu fais un peu chier.
Mais ensuite, ensuite, on sombre sévère, et putain c'est dur.
Traine ta débauche avec Laura Palmer, la meuf est partie, y a plus personne, mange la bouche de ce gros porc de Jacques Renault, traine ton traumatisme familial ignoble, traine ton gros rail de coke dans chaque narine, seule, blottie sous la couette, traine ton indifférence face à la mort d'un homme, profite de Bobby pour sa poudre, ricane au nez de ce benêt de James qui n'a aucun recul sur la souffrance intérieure, tout en criant ton amour par désespoir, traine ton abandon de ta propre personne, ta mort, puis ton soulagement merveilleux de contempler enfin un peu de répit.
Sheryl Lee est juste incroyable, dans tout ce qu'elle fait, vit, ressent, regarde, c'est dingue, elle semble puiser au plus profond d'elle-même, performance que je n'oublierais plus jamais.
Et l'autre Lynch, que dire, on comprends bien la fascination que ces acteurs lui vouent, mais même sans ça, c'est dur de trouver les mots, artistiquement les dernières 80 minutes sont saisissantes, j'ai eu du mal à fumer une cigarette tellement j'étais enseveli de bruits et d'images percutantes, et je crois bien que le dernier quart d'heure est l'un des plus forts que j'ai vu de ma vie.
J'suis resté statique comme un zombie jusqu'a la dernière milliseconde du générique de fin, ça m'a rappelé tout à coup pourquoi j'ai une affiche XXL de Mulholland Drive dans mon salon depuis 10 ans, 5 exemplaires du film, et la gueule de Lynch sur une étagère en directe vision depuis mon canapé solitaire.
Chouette moment, ça m'a ressourcé putain !