Beaucoup de romans, de films, d'histoires mettent en jeu des personnages représentant deux tendances opposées. L'intérêt de ce film est d'en montrer quatre : la tradition familiale et religieuse, le mercantilisme commercial, l'ardeur révolutionnaire et l'insouciance dansante. Et toutes les relations, tous les conflits entre chacun de ces pôles, parfois à travers les mêmes personnages. Des personnages bien attachants d'ailleurs, au moins ceux qui sont entre le twist et la révolution, affrontant les traditions et le mercantilisme : ils sont jeunes, beaux, pleins d'idéal. Peut-être plus parisiens années 2000 que bamakois années 1960 - ne serait-ce que par leur accent - mais ça n'empêche pas de les trouver authentiques, de s'identifier à eux et d'être pris par la tragédie à l'issue aussi inéluctable que chez Sophocle ou Racine. Et puis il y a l'épilogue, à souligner au risque de spoiler, qu'on aurait été surpris de ne pas trouver : le Mali d'aujourd'hui, ce n'est plus twist ou socialisme face à tradition ou commerce, c'est tout ce qui peut constituer un espace de liberté face à la chape islamiste. Et là le twist devient politique et cri d'insoumission.