J'avais découvert ce film lors de sa sortie en salle, en présence de James Gray et Gwyneth Paltrow à l'UGC Bercy et ne l'avais pas revu depuis. Les films de James Gray se faisant rares ( 6 films en 23 ans), la sortie de son dernier opus " Lost city of Z" ce 15 mars 2017 m'a donné une folle envie de m'y replonger. Folle envie car il y est question d'amour fou. Le titre aurait pu être "Three lovers" même car nous voilà conviés à un triangle amoureux : Leonard rencontre d'abord Sandra qui lui déclare son amour, puis Michelle dont il tombe éperdument amoureux tandis qu'elle brûle déjà d'amour pour un homme marié et indécis.
Brighton Beach , la banlieue populaire de New-York, sert de décor hivernal à ce film magnifiquement mis en images par James Gray: comme dans ses précédents films, la photographie y prend des teintes vertes, ocres et sombres, quasi impressionnistes d'autant que la majorité des scènes a lieu de nuit.
Joaquin Phoenix transcende ce rôle d'homme fragile et bipolaire, éternel adolescent vivant chez ses parents, écrasé par le poids des traditions, de son amour filial et de son incapacité à être seul. Son amour contrarié pour Michelle est incandescent et sa souffrance nous irradie à chaque scène. Comment oublier ce regard échangé avec sa mère ( interprétée par Isabella Rossellini) dans l'escalier?
Avec "Two lovers" James Gray est sorti pour la première fois du genre policier: ici pas d'armes , de règlements de compte ou de mafia; mais il a tourné son mélo comme un thriller avec ce personnage pris dans une fuite en avant et à l'issue incertaine.
On y retrouve un hommage appuyé à Hitchcock, version "Fenêtre sur cour" (Leonard observe et photographie sa voisine Michelle par la fenêtre de sa chambre) ou "Sueurs froides" (les deux femmes qui semblent ne former qu'une même histoire aux yeux de Leonard le bipolaire ou encore le regard face camera de Gwyneth Paltrow qui nous rappelle celui de Kim Novak)
Un film hors-normes, un classique instantané.