Ce que l’on désire par nécessité

"Éloigné des réseaux mafieux, James Gray nous plonge dans l’univers torturé de Léonard, atteint d’une « maladie d’amour » qui l’empêche de faire ses propres choix, de suivre ses propres désirs et donc de prendre les commandes de sa propre vie. Il gravite ainsi autour d’une entreprise familiale, dont il est l’héritier, et d’une femme choisie par ses parents, Sandra, incarnée par Vinessa Shaw (la sulfureuse Domino échappée d’Eyes Wide Shut). Loin du conte de fée que ses parents prennent soin d’entretenir pour leur unique enfant qui vit encore chez eux, Léonard est frustré de sa situation et de son incapacité à couper le cordon. Cependant, si cette femme reste aussi discrète et repousse les avances des autres hommes pour se rapprocher de Léonard, c’est effectivement par amour. Pendant ce temps, Gwyneth Paltrow campe le rôle de Michelle, une voisine un tantinet satisfaite de sa relation toxique qu’elle entretient avec un homme marié. C’est pourtant pour cette femme-là que Léonard craque et devient un autre homme, plus à l’aise avec son corps, avec les mots et son esprit. Joachim Phoenix confirme alors sa qualité de jeu dans un moment où son personnage maladroit est piégé entre la raison et le désir, ce qui le rend charmant à bien des égards."


"Sans tomber dans le piège des romcoms, dont les clichés sont souvent synonymes de lourdeur, Two Lovers parvient à sublimer l’authenticité d’un émoi dans un récit qui n’est ni comique, ni romantique. Empreint d’une grande maturité, ce film transcende et nuance même la notion du mariage, qui ne constitue plus exclusivement l’apogée d’une relation amoureuse ou qui ne représente plus la stabilité dont on vante les bienfaits. Jusqu’au dernier plan, James Gray empoigne la douleur de chaque personnage et en extrait une douce amertume qui nous renvoie à la scène d’ouverture, où Léonard manque de s’ôter la vie. L’espoir peut enfin renaître, même s’il faut parfois renoncer à ses convictions pour vaincre ses démons. Un moment de douceur et d’égarement en cette fin de festival."


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Cinememories
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